En bref
[webinaire] 23 octobre 2025 – Procédure et contentieux de l’autorisation environnementale : ce qu’il faut savoir
Me Florian Ferjoux, élu au conseil d’administration d’Enerplan, le syndicat des professionnels du solaire
[jurisprudence cabinet] Biogaz : une unité de stockage de digestat issu d’une unité de méthanisation permet de limiter l’usage d’engrais chimiques et est nécessaire à l’activité agricole (tribunal administratif de Nantes)
Solaire : Gossement Avocats défend la société JP Energie Environnement et obtient le rejet d’un recours dirigé contre une installation photovoltaïque devant le Tribunal administratif d’Orléans
Loi industrie verte : les nouvelles règles de sortie du statut de déchet
La loi n°2023-973 du 23 octobre 2023 relative à l’industrie verte a été publiée au Journal officiel. Parmi ses nombreuses dispositions, celles relatives à la sortie du statut de déchets, prévues à l’article 6, retiennent l’attention. Présentation.
Résumé
La loi du 23 octobre 2023 relative à l’industrie verte comporte deux modifications principales au régime juridique de la sortie du statut de déchet :
- Elle consacre, au niveau législatif, la sortie du statut de déchet pour les substances ou objets produits par une installation de production et qui sont composés en tout ou partie de déchets (la procédure jusqu’ici qualifiée de « sortie implicite du statut de déchet » aux termes d’un avis du 13 janvier 2016) ;
- Elle consacre un nouveau cas de sortie du statut de déchet pour les substances ou objets produits au sein d’une plateforme industrielle mais dont le but premier n’était pas la production desdites substances ou objets.
Contexte
L’article 6 de la loi s’insère au sein du chapitre intitulé « Favoriser le développement de l’économie circulaire ». Il modifie notamment les dispositions de l’article L. 541-4-3 du code de l’environnement qui, pour mémoire, fixe le cadre juridique de la sortie « explicite » du statut de déchets. La loi relative à l’industrie verte s’inscrit sur ce point dans le prolongement des précédentes réformes législatives tendant à encourager la sortie du statut de déchet :
- soit par la simplification de la procédure : la loi du 17 août 2015 pour la transition énergétique pour la croissance verte qui a supprimé l’exigence que les déchets soient traités au sein d’une ICPE pour sortir du statut de déchet ;
- soit par la reconnaissance de nouvelles hypothèses de sortie du statut de déchet : c’est notamment le cas des déchets ayant fait l’objet d’une opération de préparation à la réutilisation pour un usage identique, consacrée par l’ordonnance n°2020-920 du 29 juillet 2020.
L’article 6 apporte deux modifications principales au cadre juridique actuel de la sortie du statut de déchet :
- il rend explicite ce qui était jusqu’à présent implicitement consacré : la sortie du statut de déchet pour les substances ou objets qui sont fabriqués en tout ou partie de déchets au sein d’une installation de production ;
- il consacre un nouveau cas de sortie du statut de déchet pour les substances ou objets qui sont produits au sein d’une plateforme industrielle, et dont la production n’était pas le but premier du processus de production.
La consécration législative de la sortie « implicite » du statut de déchet
L’article 6 de la loi prévoit d’insérer à l’article 6 de la loi, un nouvel alinéa I ter qui prévoit qu’une substance ou un objet, élaboré dans une « installation de production » qui utilise tout ou partie de déchets comme matière première, n’a pas le statut de déchet à la condition de respecter les critères qui sont définies pour la sortie « explicite » du statut de déchet.
L’article dispose :
« I ter. – Une substance ou un objet élaboré dans une installation de production qui utilise pour tout ou partie des déchets comme matière première n’a pas le statut de déchet si cette substance ou cet objet est similaire à la substance ou à l’objet qui aurait été produit sans avoir recours à des déchets, sous réserve que l’exploitant de l’installation de production respecte les conditions mentionnées au I.
L’exploitant de l’installation de production mentionnée au présent I ter transmet à l’autorité administrative compétente les éléments de justification nécessaires, notamment les essais réalisés lorsque l’exploitant utilise comme matière première des déchets susceptibles d’être dangereux. »
Plusieurs remarques :
- La loi consacre explicitement ce qui était implicitement prévu dans un avis du 13 janvier 2016, publié au JO dont la valeur juridique demeurait incertaine.
- La sortie « explicite » ou « implicite » de sortie du statut de déchet est soumise au respect des mêmes critères, désormais définies au I de l’article de L. 541-4-3.
- La loi laisse cependant certains points en suspens. En particulier, la notion d’ « installation de production » n’est pas définie. Pour mémoire, l’avis du 13 janvier 2016 renvoyait sur ce point à la nomenclature des ICPE. Une telle précision n’a pas été reprise par la loi. Il pourrait notamment être utile de préciser si l’installation de production renvoie ou non à la nomenclature des ICPE dès l’instant où cette exigence a été supprimée s’agissant de la sortie explicite du statut de déchet pour les installations de traitement de déchet.
- L’exploitant sera tenu de transmettre à l’autorité administrative compétente les « éléments de justification nécessaires » lorsqu’il utilise des déchets susceptibles d’être dangereux.
A noter qu’aucun décret d’application n’est explicitement prévu aux termes de l’article 6.
La sortie du statut de déchet pour les substances ou objets produits au sein d’une plateforme industrielle
La loi consacre un nouveau cas de sortie du statut de déchet pour les substances ou objets qui sont produits au sein d’une plateforme industrielle, regroupant plusieurs ICPE, mais dont la production n’était pas le but premier. L’article L. 541-4-5 du code de l’environnement prévoit ainsi que :
« Une substance ou un objet qui est produit au sein d’une plateforme industrielle définie à l’article L. 515-48 et dont la production n’était pas le but premier du processus de production ne prend pas le statut de déchet si l’ensemble des conditions suivantes est rempli :
1° L’utilisation de la substance ou de l’objet au sein de cette même plateforme industrielle est certaine ;
2° La substance ou l’objet n’a pas d’incidence globale nocive pour l’environnement ou la santé humaine ;
3° L’exploitant de l’installation ayant produit la substance ou l’objet a transmis à l’autorité administrative compétente les éléments justifiant le respect du 2°, notamment les essais réalisés, lorsque la substance ou l’objet est susceptible d’être dangereux. »
La sortie du statut de déchet pour la substance ou l’objet reste soumis au respect des trois conditions cumulatives suivantes :
- Son utilisation au sein de la plateforme industrielle doit être certaine ;
- La substance ou l’objet ne doit avoir aucune incidence globale nocive pour l’environnement ou la santé ;
- L’exploitant est tenu de transmettre à l’administration les éléments justifiant de l’innocuité de la substance ou de l’objet lorsque celui-ci est susceptible d’être dangereux.
A noter que la commission mixte paritaire a modifié la rédaction de l’article 6 en supprimant notamment la référence à la notion de « résidus de production » produits au sein d’une plateforme industrielle. En effet, dans sa version issue de la première lecture par l’Assemblée nationale, le projet de loi prévoyait d’insérer, à l’article L. 541-4-2 (relatif à la sortie du statut de déchet des substances ou objets issus d’un processus de production, dont la production n’est pas le but premier), un nouveau paragraphe qui prévoyait d’appliquer aux « résidus de production » produits au sein d’une plateforme industrielle le régime de la sortie du statut de déchet, le texte précisant que ces « résidus de production » étant réputés être des « sous-produits ».
Emma Babin
Avocate
Signature
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
Urbanisme : une loi de simplification pour compliquer le contentieux de l’urbanisme (loi de simplification du droit de l’urbanisme et du logement)
Ce 15 octobre 2025, l'Assemblée nationale a définitivement adopté la proposition de loi de simplification du droit de l’urbanisme et du logement. Cette loi doit encore être promulguée puis publiée au journal officiel avant d'entrer en vigueur. Son article 26 comporte...
Solaire : le Gouvernement propose une majoration du tarif de l’IFER pour les centrales photovoltaïques installées avant 2021, un nouveau mécanisme de déplafonnement des primes négatives et une réactivation de la procédure de révision des tarifs d’achat S06 et S10 (projet de loi de finances pour 2026)
Le Gouvernement vient de présenter en conseil des ministres, ce 14 octobre 2025, le projet de loi de finances pour 2026. Ce texte comporte plusieurs mesures qui intéressent la fiscalité et le financement des installations de production d'électricité d'origine...
Certificats d’économies d’énergie (CEE) : l’administration ne peut pas imposer, sans texte, une obligation de résultat relative aux économies d’énergie attendues (Conseil d’Etat, 8 octobre 2025, n°496114)
Par une décision n°496114 rendue ce 8 octobre 2025, le Conseil d'État a jugé que l'administration ne peut - d'elle-même et sans texte - imposer au demandeur de certificats d'économies d'énergie la preuve de la "réalité des économies d'énergie attendues" alors que la...
Eolien : le Conseil d’Etat précise la méthode d’appréciation de l’impact d’une installation sur les vues depuis un monument à conserver (Conseil d’Etat, 30 septembre 2025, n°492891)
Par un arrêt n°492891 du 30 septembre 2025, le Conseil d'Etat a précisé la méthode d'appréciation, au cas par cas, de l'impact éventuel d'un parc éolien sur les vues offertes depuis un monument à conserver. Commentaire. Résumé 1. Par une décision rendue ce 30...
[webinaire] 23 octobre 2025 – Procédure et contentieux de l’autorisation environnementale : ce qu’il faut savoir
La procédure de l'autorisation environnementale est, depuis 2017, la procédure suivie par de nombreux porteurs de projets susceptibles d'intéresser la protection de l'environnement : installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE), parcs éoliens,...
[conférence] « Dix ans après l’Accord de Paris, le monde économique a-t-il fait sa transition ? » Intervention de Me Arnaud Gossement aux « Rendez-vous de l’histoire », le 11 octobre 2025 à 16h15 à Blois
Le samedi 11 octobre 2025, dans le cadre des "Rendez-vous de l'histoire" organisés à Blois, se tiendra, à l'Hôtel de Ville, une conférence consacrée au sujet suivant : "Dix ans après l'Accord de Paris, le monde économique a-t-il fait sa transition ?" Arnaud Gossement...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.