En bref
Certificats d’économies d’énergie (CEE) : arrêté du 7 avril 2025 modifiant l’arrêté du 4 septembre 2014
Modification de l’arrêté tarifaire S21 : refonte majeure actée et à venir des conditions d’achat pour les installations sur toiture et ombrière inférieure ou égale à 500 kWc
Code minier : publication de l’arrêté du 3 avril 2025 soumettant les décisions d’octroi, d’extension ou de prolongation des concessions et permis exclusifs de recherches (PER) à évaluation environnementale
Déforestation importée : consultation publique sur un projet de règlement modifiant le règlement 2023/1115 (RDUE)
Contrats et Covid-19 : l’impact de l’état d’urgence sanitaire sur les délais des contrats de droit privé (ordonnance n° 2020-306 du 25 mars 2020)
Ce 26 mars 2020, a été publiée au Journal officiel l’ordonnance n° 2020-306 du 25 mars 2020 relative à la prorogation des délais échus pendant la période d’urgence sanitaire et à l’adaptation des procédures pendant cette même période. Cette ordonnance impacte les délais et procédures en matière administrative, mais surtout, elle impacte fortement l’ensemble des relations contractuelles de droit privé.
Quels sont les délais concernés ?
A titre préliminaire, selon l’article 4 de la loi n°2020-290 du 23 mars 2020 d’urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19, l’état d’urgence sanitaire est actuellement déclaré depuis le 24 mars 2020 et devrait cesser, si aucune modification n’est apportée d’ici là, le 24 mai 2020.
Selon l’article 1er de cette ordonnance, l’ensemble des délais qui arrivent ou sont arrivés à échéance entre le 12 mars 2020 et un mois après à compter de la date de cessation de l’état d’urgence sanitaire déclaré, soit le 24 juin 2020, sont prorogés sur le fondement des articles L. 3131-20 à L. 3131-22 du code de la santé publique.
Toutefois, comme énoncé notre article intitulé « Délais : ce qui change en période d’état d’urgence sanitaire », certains délais sont exclus de ce mécanisme de prorogation :
– les délais applicables en matière pénale, procédure pénale, ainsi qu’en matière d’élections régies par le code électoral ;
– les délais encadrant les mesures privatives de liberté ;
– les délais concernant les procédures d’inscription à une voie d’accès de la fonction publique ou à une formation dans un établissement d’enseignement ;
– les obligations financières et garanties y afférentes mentionnées aux articles L. 211-36 et suivants du code monétaire et financier ainsi que les conventions conclues dans le cadre d’un système de paiement et systèmes de règlement et de livraison d’instruments financiers mentionné à l’article L. 330-1 du même code ;
– les délais et mesures aménagés en application de la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie.
Comment fonctionne le mécanisme de report des termes et échéances contractuelles ?
Pour un certains nombres d’événement, qui devaient être réalisés entre le 12 mars 2020 et le 24 juin 2020, les délais sont prorogés à compter de la fin de cette période, pour la durée qui était légalement impartie, dans la limite de deux mois (soit au maximum jusqu’au 24 août 2020) :
– actes, actions en justice, recours, formalités, inscriptions, déclarations, notifications, ou publications prescrits par la loi ou le règlement, à peine de nullité ;
– sanction, y compris désistement d’office ;
– caducité, forclusion, prescription, inopposabilité, irrecevabilité ;
– péremption, application d’un régime particulier, non avenu ou déchéance d’un droit quelconque
– paiements prescrits par la loi ou de règlement en vue de l’acquisition ou de la conservation d’un droit.
Par conséquent, l’ordonnance ne supprime pas la réalisation de tous les actes ou formalités dont le terme devait échoir dans la période visée, mais « elle permet simplement de considérer comme n’étant pas tardif l’acte réalisé dans le délai supplémentaire imparti ».
Afin d’être la plus précise possible, l’ordonnance rappelle enfin que l’ensemble de ces mesures exceptionnelles ne s’appliquent qu’aux délais compris entre le 12 mars 2020 et le 24 juin 2020. Les délais dont le terme était échus avant le 12 mars 2020, ou les délais dont le terme est fixé au-delà du 24 juin 2020, ne sont respectivement ni reportés et ni suspendu ou prorogés.
Quels impacts sur les paiements d’ordre contractuel ?
L’ordonnance précise que l’autorisation de « délai supplémentaire » s’applique uniquement aux « actes prescrits par la loi ou le règlement ». Par conséquent, elle exclut indirectement de ce mécanisme de report des actes prévus contractuellement.
Le paiement des obligations contractuelles doit donc toujours avoir lieu à la date prévue par le contrat. Néanmoins, les dispositions de droit commun restent applicables si leurs conditions sont réunies (exemple de la suspension pour impossibilité d’agir – article 2224 du code civil ; ou de la force majeure – article 1218 du code civil – dont l’application face au Covid-19 a été détaillée par le cabinet).
Quels effets pour les astreintes et clauses contractuelles ?
Les astreintes et clauses contractuelles visant à sanctionner l’inexécution des débiteurs (clauses pénales, clauses résolutoires et clauses de déchéance) sont également visées par l’ordonnance (article 4).
En effet, les clauses qui auraient dû produire ou commencer à produire leurs effets entre le 12 mars et le 24 juin 2020 sont suspendues. Leurs effets sont paralysés et elles reprendront effet un mois après à compter de la date de cessation de l’état d’urgence sanitaire déclaré, cela si le débiteur n’a pas exécuté ses obligations d’ici là.
Toutefois, les astreintes et clauses pénales qui avaient déjà commencé à courir avant le 12 mars 2020 voient quant à elles leurs cours suspendus entre cette date et le 24 juin 2020, avec une reprise de leurs effets dès le lendemain de cette date, soit le 25 juin 2020.
Comment l’ordonnance impacte-t-elle les résiliations ou dénonciations de contrats ?
L’ordonnance prévoit une prolongation de trois mois à compter de la date de cessation de l’état d’urgence sanitaire déclaré, soit jusqu’au 24 août 2020, pour résilier ou dénoncer tout contrat lorsque sa résiliation ou l’opposition à son renouvellement devait avoir lieu entre le 12 mars 2020 et le 24 juin 2020.
En conclusion
L’ordonnance n° 2020-306 du 25 mars 2020 a de nombreuses conséquences sur les relations de droit privé, des conséquences précises et techniques qui imposent une étude des contrats au cas par cas par l’ensemble des cocontractants. Ces derniers devront alors se rapprocher de leurs avocats afin de déterminer précisément les nouveaux délais applicables à leurs différentes relations contractuelles.
Alexandra Leurs
Juriste – Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
Dérogation espèces protégées : la définition par la loi de l’obligation de dépôt d’une demande de dérogation est conforme à la Constitution (Conseil constitutionnel, 29 avril 2025, n°2025-879 DC)
Par une décision n°2025-879 DC du 29 avril 2025, le Conseil constitutionnel a, notamment, déclaré conforme à la Constitution l’article 23 de la loi "portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne en matière économique, financière,...
2 mai 2025 : conférence d’Arnaud Gossement à l’université de Lille sur « L’effet non-suspensif des recours en contentieux administratif, à l’aune de l’affaire de l’autoroute A69 »
Le vendredi 2 mai 2025 à 14h, Me Arnaud Gossement donnera, à l'université de Lille, une conférence intitulée : "Retour sur l'affaire de l'autoroute A69, l'effet non-suspensif de recours en contentieux administratif". Cette conférence sera animée par M. Pierre-Yves...
« Ne boudons pas les bonnes nouvelles » : nouvelle chronique d’Arnaud Gossement pour le journal La Croix
Arnaud Gossement est l’un des quatre experts membres du comité écologie du journal La Croix. Un comité mis en place pour accompagner la rédaction dans sa volonté de mieux traiter l’actualité des enjeux environnementaux. Dans ce cadre, Arnaud Gossement a publié ici une...
Transition énergétique : le Premier ministre confirme un changement de forme et de fond pour la prochaine feuille de route énergétique, qui sera adoptée par une loi
Ce lundi 28 avril 2025, à l'Assemblée nationale, le Premier ministre a procédé à une "déclaration sur la souveraineté énergétique de la France" qui a été suivie d'un débat sans vote, comme le prévoit l'article 50-1 de la Constitution. Un débat du même type sera...
Déchets – économie circulaire : une proposition de loi pour rendre visible l’éco-contribution sur les produits relevant du principe de la responsabilité élargie du producteur (REP)
Voici une mesure qui peut sembler technique mais qui est en réalité essentielle pour la protection de l'environnement et, plus précisément, pour la prévention et la gestion des déchets. Ce 17 avril 2025, M. Stéphane Delautrette et plusieurs autres députés du groupe...
Pollution de l’eau potable par les nitrates : la Commission européenne saisit la Cour de justice de l’Union européenne d’un recours contre la France (Affaire C-154/25)
Par un recours daté du 21 février 2025 et rendu public ce 22 avril 2025 (affaire C-154/25), la Commission européenne a demandé à la Cour de justice de l'Union européenne de constater que la France ne respecte toujours pas la directive (UE) 2020/2184 du Parlement...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.