En bref
Certificats d’économies d’énergie (CEE) : arrêté du 7 avril 2025 modifiant l’arrêté du 4 septembre 2014
Modification de l’arrêté tarifaire S21 : refonte majeure actée et à venir des conditions d’achat pour les installations sur toiture et ombrière inférieure ou égale à 500 kWc
Code minier : publication de l’arrêté du 3 avril 2025 soumettant les décisions d’octroi, d’extension ou de prolongation des concessions et permis exclusifs de recherches (PER) à évaluation environnementale
Déforestation importée : consultation publique sur un projet de règlement modifiant le règlement 2023/1115 (RDUE)
Hydroélectricité : une microcentrale dotée de meilleurs équipements de protection de la faune piscicole peut être prioritaire, sur une autre microcentrale, pour l’exploitation des débits d’un cours d’eau (Cour administrative d’appel de Nantes)
Lorsque deux microcentrales hydroélectriques sont installées sur un même cours d’eau, la priorité accordée à l’un de ces ouvrages pour exploiter le débit du cours d’eau, au motif qu’il possède de meilleurs équipements de protection de l’anguille, n’est pas illégale. C’est en ce sens qu’a récemment statué la cour administrative d’appel de Nantes, par arrêt du 2 avril 2020 (cf. CAA Nantes, 2 avril 2020, n° 18NT03922).
En l’espèce, une société exploitant une microcentrale hydroélectrique, a sollicité le renouvellement de son autorisation. Le préfet de la Mayenne a, par arrêté, autorisé la société pétitionnaire à exploiter le seuil de la rivière mais il a, dans le même temps, assorti son arrêté d’une prescription relative aux débits et aux niveaux d’eau, afin d’assurer une répartition entre les débits de la microcentrale exploitée par le pétitionnaire et les débits d’une autre microcentrale installée sur le seuil du même cours d’eau et qui est exploitée par une autre société.
Cet arrêté, et plus particulièrement la répartition des débits entre les deux microcentrales, dès l’instant où celle-ci lui est défavorable, a été contestée par la société pétitionnaire.
La demande d’annulation a été rejetée en première instance et ce jugement a été confirmé en appel.
Cette décision est intéressante en ce qui concerne sur la répartition de l’usage de l’eau, du fait de la proximité de deux ouvrages hydrauliques sur un même cours d’eau.
En premier lieu, dans l’hypothèse où deux ouvrages hydrauliques sont installés sur le même cours d’eau, l’autorité administrative peut examiner les caractéristiques des ouvrages hydroélectriques, afin de définir un ordre de priorité dans l’exploitation des débits d’un cours d’eau.
En l’espèce, la décision du préfet de répartir l’exploitation des débits entre les deux microcentrales hydroélectriques est justifiée par la nécessité de maintenir un débit minimal garantissant en permanence la vie, la circulation et la reproduction des espèces aquatiques dans le cours d’eau. Or, une exploitation simultanée des deux ouvrages hydrauliques serait susceptible de préjudicier au maintien d’un débit minimal, si le débit du cours d’eau devait être insuffisant.
Afin de fixer l’ordre de priorité, s’agissant de l’exploitation des débits du cours d’eau, parmi les deux microcentrales, le préfet a examiné les caractéristiques des ouvrages exploités. Il a notamment pris en compte le fait que l’une des centrales est équipée de turbines ichtyophiles et d’une passe à anguilles, ce qui n’était pas le cas de la seconde.
En première instance, le préfet avait soutenu que la mise en place d’un dispositif de montaison et dévalaison pour les anguilles participait de la protection des milieux aquatiques et répondait également à l’un des objectifs institués par le schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) en améliorant sensiblement la continuité écologique au passage des seuils cours d’eau en question qui étaient jusqu’alors infranchissables.
La cour administrative d’appel de Nantes valide ce raisonnement. Selon la cour, la décision du préfet procède d’une conciliation entre d’un côté, la valorisation de l’eau comme ressource économique et, en particulier, pour le développement de la production d’électricité d’origine renouvelable, avec l’objectif de préservation du patrimoine hydraulique.
En deuxième lieu, la cour rappelle que si l’autorité administrative est tenue, conformément à l’article L. 215-7 du code de l’environnement, de « prendre toutes dispositions pour assurer le libre cours des eaux. », elle n’est pas tenue, sur ce fondement, de réglementer l’usage de l’eau entre différents exploitants hydrauliques, en prévoyant notamment un ordre de priorité qui serait fixé sur une antériorité d’exploitation.
Pour les exploitants d’une microcentrale hydroélectrique, cet arrêt vient confirmer la nécessité d’équiper l’ouvrage hydraulique des dispositifs adéquats de protection de la faune piscicole, en particulier de l’anguille, afin de ne pas être « pénalisés » lors du renouvellement de leur autorisation, en cas d’installation d’un autre ouvrage sur le même cours d’eau.
Emma Babin
Avocate-Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
2 mai 2025 : conférence d’Arnaud Gossement à l’université de Lille sur « L’effet non-suspensif des recours en contentieux administratif, à l’aune de l’affaire de l’autoroute A69 »
Le vendredi 2 mai 2025 à 14h, Me Arnaud Gossement donnera, à l'université de Lille, une conférence intitulée : "Retour sur l'affaire de l'autoroute A69, l'effet non-suspensif de recours en contentieux administratif". Cette conférence sera animée par M. Pierre-Yves...
« Ne boudons pas les bonnes nouvelles » : nouvelle chronique d’Arnaud Gossement pour le journal La Croix
Arnaud Gossement est l’un des quatre experts membres du comité écologie du journal La Croix. Un comité mis en place pour accompagner la rédaction dans sa volonté de mieux traiter l’actualité des enjeux environnementaux. Dans ce cadre, Arnaud Gossement a publié ici une...
Transition énergétique : le Premier ministre confirme un changement de forme et de fond pour la prochaine feuille de route énergétique, qui sera adoptée par une loi
Ce lundi 28 avril 2025, à l'Assemblée nationale, le Premier ministre a procédé à une "déclaration sur la souveraineté énergétique de la France" qui a été suivie d'un débat sans vote, comme le prévoit l'article 50-1 de la Constitution. Un débat du même type sera...
Déchets – économie circulaire : une proposition de loi pour rendre visible l’éco-contribution sur les produits relevant du principe de la responsabilité élargie du producteur (REP)
Voici une mesure qui peut sembler technique mais qui est en réalité essentielle pour la protection de l'environnement et, plus précisément, pour la prévention et la gestion des déchets. Ce 17 avril 2025, M. Stéphane Delautrette et plusieurs autres députés du groupe...
Pollution de l’eau potable par les nitrates : la Commission européenne saisit la Cour de justice de l’Union européenne d’un recours contre la France (Affaire C-154/25)
Par un recours daté du 21 février 2025 et rendu public ce 22 avril 2025 (affaire C-154/25), la Commission européenne a demandé à la Cour de justice de l'Union européenne de constater que la France ne respecte toujours pas la directive (UE) 2020/2184 du Parlement...
Loup : article de Me Florian Ferjoux dans le « Journal du droit européen » sur la jurisprudence récente de la Cour de justice de l’Union européenne
Me Florian Ferjoux a procédé à une analyse des enjeux juridiques liés à la préservation du loup au regard de la directive Habitats dans son nouvel article intitulé : « Le loup : la protection des espèces dans la directive Habitats », publié au sein du Journal du droit...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.