En bref
Hydroélectricité : modifications des modalités d’expérimentation du dispositif du médiateur
Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) : Modification des dispositions relatives à l’élaboration, la modification et la révision des SAGE
Déchets : Assouplissement des conditions pour la reprise des déchets de construction par les distributeurs
Certificats d’économie d’énergie : Publication au JO de ce jour de l’arrêté du 18 novembre 2024 modifiant plusieurs textes règlementaires relatifs aux opérations standardisées d’économie d’énergie
Marchés publics : le manquement au principe d’impartialité doit être prouvé (Conseil d’Etat)
Par arrêt n° 420454 du 12 septembre 2018, le Conseil d’Etat a apporté d’intéressantes précisions sur l’appréciation du respect du principe d’impartialité par le pouvoir adjudicateur lors de la procédure de passation d’un marché public.
Dans cette affaire, un syndicat intercommunal des ordures ménagères (SIOM) avait lancé une procédure d’appel d’offres en vue de l’attribution d’un marché ayant pour objet la collecte des déchets ménagers et assimilés. La société Y, titulaire d’un précèdent marché ayant le même objet, s’est portée candidate pour le lot n°1 « collecte en porte-à-porte, transport, pesée et déchargement des déchets ménagers et assimilés ».
Voyant son offre rejetée et le marché attribué à la société X, la société Y a saisi le juge du référé précontractuel du tribunal administratif de Versailles, qui a annulé la procédure.
Saisi à son tour, le Conseil d’Etat juge :
– d’une part, que le principe d’impartialité constitue un principe général du droit dont la méconnaissance est constitutive d’un manquement aux obligations de publicité et de mise en concurrence (Cf. CE, 14 octobre 2015, n° 390968).
– d’autre part, que tout manquement au principe d’impartialité par l’acheteur public doit être prouvé (Cf. CAA, Bordeaux, 12 juin 2018, SARL Convergence Public-Privé, n°16X00656).
En l’espèce, le seul fait que le mandataire de la société X ait employé M.A comme salarié ne permet pas d’établir ce manquement :
« 6. Considérant, d’une part, qu’en retenant l’existence d’un doute sur l’impartialité de l’acheteur public alors qu’il n’avait relevé aucun élément de nature à établir que son mandataire, la société N, avait manqué d’impartialité dans l’établissement des documents de la consultation pendant la période où M. A…était son salarié, le juge des référés a inexactement qualifié les faits dont il était saisi ;«
Le Conseil d’Etat estime que si M.A aurait, éventuellement, pu obtenir lors de sa mission d’assistant à maîtrise d’ouvrage des informations confidentielles, cette seule circonstance ne permet pas d’établir un manquement au principe d’impartialité :
» 7. Considérant, d’autre part, que si les informations confidentielles que M. A… aurait éventuellement pu obtenir à l’occasion de sa mission d’assistant à maîtrise d’ouvrage pouvaient, le cas échéant, conférer à son nouvel employeur, la société X, un avantage de nature à rompre l’égalité entre les concurrents et obliger l’acheteur public à prendre les mesures propres à la rétablir, cette circonstance était en elle-même insusceptible d’affecter l’impartialité de l’acheteur public ; que, par suite, le juge des référés a également commis une erreur de droit en retenant un manquement à l’obligation d’impartialité de l’acheteur public du seul fait qu’il existait un risque que la société X, attributaire du marché, ait pu obtenir des informations confidentielles à l’occasion de la participation de l’un de ses salariés à la mission d’assistance à la maîtrise d’ouvrage lorsque celui-ci travaillait antérieurement pour la société N, mandataire du syndicat ; »
En effet, il ne ressort pas des pièces du dossier que les informations détenues par M. A étaient de nature à avantager la société X :
« il ne résulte pas de l’instruction que les informations détenues par M. A…étaient de nature à avantager la société X par rapport aux autres candidats à l’attribution du marché litigieux ; que, par suite, le moyen tiré de ce que le SIOM de la vallée de X aurait porté atteinte à l’égalité de traitement entre les candidats en attribuant le marché à la société X doit être écarté ; qu’en tout état de cause, il va de même pour le moyen tiré du manquement au principe d’impartialité ; »
Dès lors, le seul fait pour la société attributaire d’un marché de recruter un salarié de l’assistant à maître d’ouvrage, avant la remise des offres n’est pas en soit constitutif d’un manquement au principe d’impartialité, susceptible d’entraîner l’annulation de la procédure.
A titre d’exemple, ne constitue pas nécessairement une atteinte au principe d’impartialité :
– La présence d’un élu municipal au conseil d’administration d’une société attributaire d’un marché public (Cf. CE, 22 octobre 2014, Commune de Saint-Louis, n°382495).
En revanche, le manquement au principe d’impartialité est démontré :
– Lorsqu’un candidat retenu à un marché public a confié une mission d’assistance à la maître d’ouvrage à un ancien directeur de la société attributaire, qui avait participé à la rédaction de certaines pièces contractuelles et à la procédure d’analyse des offres des entreprises candidates (Cf. CE, 14 octobre 2015, n° 390968) ;
– Lorsque durant la consultation et l’attribution du marché, un membre du conseil municipal a participé au sein dudit conseil aux commissions chargées des finances, des appels d’offres et marchés publics et des lotissements finances, lesquelles intervenaient par conséquent sur des questions qui n’étaient pas étrangères aux actions qui lui ont été confiées par le marché litigieux (Cf. CAA Bordeaux, 12 juin 2018, n° 16BX00656).
Lucie Antonetti
Juriste – Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
Mode durable : les projets de textes sur le coût environnemental des textiles
Le ministère de la transition écologique procède actuellement à l'élaboration de deux textes réglementaires destinés à organiser le calcul et la communication du coût environnemental des produits textiles. Un dispositif - obligatoire et volontaire - qui procède de la...
Dérogation espèces protégées : le dispositif de la loi « industrie verte » est-il conforme à la Constitution ?
Par une décision n°497567 du 9 décembre 2024, le Conseil d'Etat a renvoyé au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité relative à la procédure de dérogation à l'interdiction de destruction d'espèces protégées. Plus précisément, le Conseil...
Energie : le déplafonnement total du reversement de la prime négative du contrat de complément de rémunération est-il conforme à la Constitution ?
Par une décision n°497958 du 6 décembre 2024, le Conseil d'État a renvoyé au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) relative à la conformité à la Constitution de l'article 230 de la loi de finances pour 2024, lequel impose le...
Débat public : le Gouvernement propose d’en dispenser les grands projets industriels
Avant sa démission, le Gouvernement a ouvert, du 4 au 27 décembre 2024, une consultation du public sur le projet de décret relatif à la suppression de l'obligation, pour les porteurs de grands projets d'équipements industriels, de les soumettre à l'organisation d'un...
Climat : début des auditions devant la Cour internationale de justice
Dans le cadre de l'instruction de la demande d'avis consultatif relative aux obligations des États en matière de changement climatique, la Cour internationale de Justice tient, du lundi 2 au vendredi 13 décembre 2024 des audiences publiques, au cours desquelles les...
Autorisation environnementale : précisions sur l’affichage de l’avis de consultation du public (arrêté du 18 novembre 2024)
La ministre de la transition écologique a publié au journal officiel du 29 novembre 2024, l'arrêté du 18 novembre 2024 modifiant l'arrêté du 9 septembre 2021 relatif à l'affichage des avis d'enquête publique, de participation du public par voie électronique et de...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.