En bref
Certificats d’économies d’énergie (CEE) : arrêté du 7 avril 2025 modifiant l’arrêté du 4 septembre 2014
Modification de l’arrêté tarifaire S21 : refonte majeure actée et à venir des conditions d’achat pour les installations sur toiture et ombrière inférieure ou égale à 500 kWc
Code minier : publication de l’arrêté du 3 avril 2025 soumettant les décisions d’octroi, d’extension ou de prolongation des concessions et permis exclusifs de recherches (PER) à évaluation environnementale
Déforestation importée : consultation publique sur un projet de règlement modifiant le règlement 2023/1115 (RDUE)
Urbanisme : le Conseil d’Etat précise les conditions d’appréciation de l’intérêt à agir d’une association contre un permis de construire
Par une décision n°400585 du 20 octobre 2017, le Conseil d’Etat a apporté des éléments d’appréciation nouveaux concernant la recevabilité d’un recours formé contre un permis de construire par une association de défense du cadre de vie des habitants d’un quartier. Analyse.
Pour rappel, l’intérêt à agir d’une association de protection de l’environnement formant un recours contre une décision d’urbanisme ou environnementale s’apprécie au regard de son objet social tel qu’il est contenu dans ses statuts.
Le juge administratif s’attache à analyser si la décision contestée fait spécialement grief à l’objet social de l’association requérante. Ce contrôle est complété par le contrôle de l’adéquation entre le projet avec la compétence géographique de l’association.
Aussi, il résulte d’une jurisprudence abondante que, les associations présentant un objet social trop large et imprécis ne disposent pas d’un intérêt à agir contre une autorisation d’urbanisme. Tel est le cas lorsque les statuts de l’association se limite à indiquer qu’elle a pour objet de défendre l’environnement en général, sans décliner précisément les intérêts qu’elle entend préserver.
La décision rendue ce 20 octobre 2017 par le Conseil d’Etat illustre au contraire un assouplissement du contrôle par le juge administratif du champ de compétence matériel d’une association requérante.
En l’espèce, une association de quartier a formé un recours contre un permis de construire autorisant la construction de trois maisons d’habitation sur un terrain non bâti.
L’objet social de l’association requérante consiste en « la mise en œuvre de tous les moyens disponibles pour la sauvegarde et l’amélioration du cadre de vie des habitants de l’E… « . Il présente un caractère relativement large et imprécis.
Pour ce motif, le Tribunal administratif de Versailles, saisi en premier ressort, avait d’ailleurs rejeté le recours pour irrecevabilité par voie d’ordonnance.
Cependant, le Conseil d’Etat a jugé que l’association requérante peut être recevable à agir contre le permis de construire portant sur la réalisation de trois maisons d’habitation dès lors que :
« le projet autorisé, par sa nature, le nombre de constructions autorisées, le choix d’implantation retenu et la densification qu’il induisait, était susceptible de porter atteinte au cadre de vie des habitants du quartier de l’E…, dont l’association requérante avait pour objet d’assurer la sauvegarde, le président de la troisième chambre du tribunal a inexactement qualifié les faits de l’espèce. L’association requérante est, par suite, fondée à demander l’annulation de l’ordonnance attaquée.«
Le Conseil d’Etat n’arrête pas son contrôle à l’intitulé général de l’objet social de l’association.
Il examine si, concrètement, l’objet social est affecté, compte tenu des circonstances particulières attachées au projet autorisé. L’importance du projet et sa nature ont été déterminants dans le cadre de l’appréciation du Conseil d’Etat. Aussi, une association de sauvegarde du cadre de vie des habitants d’un quartier peut avoir qualité pour agir contre une autorisation d’urbanisme si celle-ci est susceptible de porter atteinte à ce cadre de vie.
L’affaire a été renvoyée devant le Tribunal administratif de Versailles.
L’appréciation très concrète de l’intérêt à agir qui ressort de cette décision est à notre sens proche de la jurisprudence récente du Conseil d’Etat relative à l’appréciation de l’intérêt à agir des particuliers résultant de l’article L. 600-1-2 du code de l’urbanisme, laquelle s’appuie sur un contrôle de l’affectation du projet sur les conditions d’occupation, d’utilisation ou de jouissance du bien occupé par le requérant.
Florian Ferjoux
Avocat – Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
« Loi Duplomb » : un « stress-test » pour la Charte de l’environnement à l’occasion de son 20ème anniversaire (loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur »)
Ce 8 juillet 2025, l'Assemblée nationale a définitivement adopté la proposition de loi visant à lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur" dite "Loi Duplomb" du nom du sénateur Laurent Duplomb qui a déposé la version initiale de ce texte. Celui-ci...
Recours administratif : abandon de la prise en compte de la date de réception au profit de la date d’expédition pour les délais de recours (Conseil d’Etat)
Par une décision du 30 juin 2025, n°494973, le Conseil d’Etat a simplifié la règle de calcul du délai à respecter pour l'introduction, par voie postale, d’un recours administratif, gracieux ou hiérarchique à l'encontre d'une décision administrative. Le principe est...
Rapport 2025 du Haut conseil pour le climat : le changement climatique accélère mais l’Etat ralentit
Le Haut conseil pour le climat, créé en 2019 à l'initiative du Président de la République et composé de douze experts indépendants vient de publier son nouveau rapport annuel. Un rapport qui pointe le ralentissement de notre rythme de réduction des émissions de gaz à...
Certificats d’économies d’énergie : le législateur renforce la prévention et la répression des fraudes (loi du 30 juin 2025 contre toutes les fraudes aux aides publiques)
Le Gouvernement a publié, au journal officiel de la République française du 1er juillet 2025, la loi n°2025-594 du 30 juin 2025 contre toutes les fraudes aux aides publiques. Cette loi modifie assez sensiblement le dispositif des certificats d’économies d’énergie...
Programmation pluriannuelle de l’énergie : le Sénat confirme l’affaiblissement de l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre et la suppression des objectifs sectoriels de développement des énergies renouvelables
Ce mardi 1er juillet 2025, en deuxième lecture et en commission, les sénateurs ont examiné la proposition de loi du sénateur Gremillet portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie. Si les sénateurs ont supprimé la...
Programmation pluriannuelle de l’énergie : l’Assemblée nationale rejette la proposition de loi mais le risque d’un « moratoire light » sur les énergies renouvelables demeure
Ce mardi 24 juin 2025, les députés doivent se prononcer, lors du vote solennel, pour ou contre la proposition de loi du sénateur Gremillet portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie. Si le texte est rejeté par...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.