En bref
Certificats d’économies d’énergie (CEE) : arrêté du 7 avril 2025 modifiant l’arrêté du 4 septembre 2014
Modification de l’arrêté tarifaire S21 : refonte majeure actée et à venir des conditions d’achat pour les installations sur toiture et ombrière inférieure ou égale à 500 kWc
Code minier : publication de l’arrêté du 3 avril 2025 soumettant les décisions d’octroi, d’extension ou de prolongation des concessions et permis exclusifs de recherches (PER) à évaluation environnementale
Déforestation importée : consultation publique sur un projet de règlement modifiant le règlement 2023/1115 (RDUE)
Responsabilité élargie du producteur : recours d’un éco-organisme contre un avis relatif au périmètre d’une filière (Conseil d’Etat)
Par une décision du 11 avril 2018, le Conseil d’Etat a annulé pour excès de pouvoir les dispositions de l’avis relatif au champ d’application de la filière de responsabilité élargie du producteur (REP) des déchets diffus spécifiques en date du 2 décembre 2016, en ce qu’elles excluent les « aérosols d’extinction » de la catégorie 2 et ajoutent les « aérosols et fumigènes d’extinction » avec pour « exemples de produits inclus » les « aérosols extincteurs » et les « fumigènes d’extinction des feux de cheminée » aux catégories 6 et 7.
Cette décision retient l’attention à deux égards :
– d’une part, le recours contre l’avis du ministre chargé de l’environnement a été introduit par un éco-organisme, ce qui est encore assez peu fréquent ;
– d’autre part, le Conseil d’Etat admet le recours pour excès de pouvoir contre un avis, alors même que ces actes sont généralement considérés par l’Etat comme ne faisant pas grief et insusceptibles de recours.
Cette affaire s’inscrit dans la lignée de la décision Duvignères rendue par le Conseil d’Etat le 18 décembre 2002 (n° 233618) dans le cadre d’un recours contre une circulaire interprétative, en ce que la Haute juridiction a procédé à un examen de l’avis en deux temps.
Pour rappel, par cette décision Duvignères, le Conseil d’Etat avait énuméré trois moyens susceptibles d’être invoqués : l’incompétence de l’auteur de l’acte, une interprétation qui méconnaît le sens et la portée des dispositions législatives ou réglementaires qu’elle entendait expliciter, ou qui réitère une règle contraire à une norme juridique supérieure.
Au cas présent et dans un premier temps, le Conseil d’Etat s’est prononcé sur la recevabilité de la requête :
« 3. Considérant que si l’avis attaqué indique avoir pour objet d' » éclairer » l’application de l’arrêté modificatif du 4 février 2016 et précise que la liste qu’il établit a un caractère non exhaustif et seulement indicatif, il fournit des exemples de produits inclus ou exclus de la filière à responsabilité élargie des producteurs ; qu’il précise que » La liste n’étant pas exhaustive, l’absence de mention d’un produit dans la colonne » produits inclus » du tableau ci-après n’implique pas son exclusion de la filière des déchets diffus spécifiques ménagers, chaque metteur sur le marché concerné doit alors pouvoir démontrer que les critères définis à l’article R. 543-228 ne sont pas remplis. » ; qu’il se déduit de ces dispositions que, à l’inverse, les produits figurant expressément dans la liste des produits » inclus » sont soumis aux obligations de collecte et de traitement prévues par l’article L. 541-10-4 ; que l’avis attaqué comporte ainsi des dispositions devant être regardées comme impératives et à caractère général ;«
le Conseil d’Etat a jugé que l’avis litigieux, en ce qu’il fixe une liste de déchets relevant ou non du périmètre de la filière des déchets diffus spécifiques ménagers, comporte des dispositions impératives à caractère général qui doivent être regardées comme faisant grief. De ce fait, il est susceptible de recours.
La même solution avait déjà été retenue dans une décision rendue par le Conseil d’Etat le 2 décembre 2015 (n°385497), dans le cadre de la filière REP des déchets d’éléments d’ameublement.
Dans un second temps, le Conseil d’Etat analyse la légalité de la décision attaquée au titre de la compétence de son auteur :
« 4. Considérant (…); que l’avis, qui ajoute sur ce point aux dispositions de l’arrêté modificatif du 4 février 2016 et a, dans cette mesure, une portée réglementaire, intervient dans le champ de la compétence déléguée conjointement, en application du I de l’article R. 543-228 du code de l’environnement, aux ministres chargés de l’environnement, de l’industrie et de la santé ; qu’il en résulte, sans qu’il soit besoin d’examiner les autres moyens de la requête dirigés contre cette partie de l’avis, que la société requérante est fondée à soutenir que ces dispositions de l’avis attaqué, prises par le seul ministre chargé de l’environnement, sont entachées d’incompétence ;«
Le Conseil d’Etat souligne ainsi que l’avis intervient dans le champ de la compétence déléguée conjointement aux ministres chargés de l’environnement, de l’industrie et de la santé. Aussi, les dispositions de l’avis attaqué, prises par le seul ministre chargé de l’environnement, sont entachées d’incompétence.
Le moyen tiré de l’incompétence, qui n’avait pas été retenu dans la décision du 2 décembre 2015 précitée, est un moyen d’annulation fréquent dans les affaires relatives à la légalité des circulaires ou instruction interprétatives.
Emilie Bertaina
Avocate – Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
2 mai 2025 : conférence d’Arnaud Gossement à l’université de Lille sur « L’effet non-suspensif des recours en contentieux administratif, à l’aune de l’affaire de l’autoroute A69 »
Le vendredi 2 mai 2025 à 14h, Me Arnaud Gossement donnera, à l'université de Lille, une conférence intitulée : "Retour sur l'affaire de l'autoroute A69, l'effet non-suspensif de recours en contentieux administratif". Cette conférence sera animée par M. Pierre-Yves...
« Ne boudons pas les bonnes nouvelles » : nouvelle chronique d’Arnaud Gossement pour le journal La Croix
Arnaud Gossement est l’un des quatre experts membres du comité écologie du journal La Croix. Un comité mis en place pour accompagner la rédaction dans sa volonté de mieux traiter l’actualité des enjeux environnementaux. Dans ce cadre, Arnaud Gossement a publié ici une...
Transition énergétique : le Premier ministre confirme un changement de forme et de fond pour la prochaine feuille de route énergétique, qui sera adoptée par une loi
Ce lundi 28 avril 2025, à l'Assemblée nationale, le Premier ministre a procédé à une "déclaration sur la souveraineté énergétique de la France" qui a été suivie d'un débat sans vote, comme le prévoit l'article 50-1 de la Constitution. Un débat du même type sera...
Déchets – économie circulaire : une proposition de loi pour rendre visible l’éco-contribution sur les produits relevant du principe de la responsabilité élargie du producteur (REP)
Voici une mesure qui peut sembler technique mais qui est en réalité essentielle pour la protection de l'environnement et, plus précisément, pour la prévention et la gestion des déchets. Ce 17 avril 2025, M. Stéphane Delautrette et plusieurs autres députés du groupe...
Pollution de l’eau potable par les nitrates : la Commission européenne saisit la Cour de justice de l’Union européenne d’un recours contre la France (Affaire C-154/25)
Par un recours daté du 21 février 2025 et rendu public ce 22 avril 2025 (affaire C-154/25), la Commission européenne a demandé à la Cour de justice de l'Union européenne de constater que la France ne respecte toujours pas la directive (UE) 2020/2184 du Parlement...
Loup : article de Me Florian Ferjoux dans le « Journal du droit européen » sur la jurisprudence récente de la Cour de justice de l’Union européenne
Me Florian Ferjoux a procédé à une analyse des enjeux juridiques liés à la préservation du loup au regard de la directive Habitats dans son nouvel article intitulé : « Le loup : la protection des espèces dans la directive Habitats », publié au sein du Journal du droit...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.