En bref
Certificats d’économies d’énergie (CEE) : arrêté du 7 avril 2025 modifiant l’arrêté du 4 septembre 2014
Modification de l’arrêté tarifaire S21 : refonte majeure actée et à venir des conditions d’achat pour les installations sur toiture et ombrière inférieure ou égale à 500 kWc
Code minier : publication de l’arrêté du 3 avril 2025 soumettant les décisions d’octroi, d’extension ou de prolongation des concessions et permis exclusifs de recherches (PER) à évaluation environnementale
Déforestation importée : consultation publique sur un projet de règlement modifiant le règlement 2023/1115 (RDUE)
Solaire : publication du cahier des charges de l’appel d’offres « Centrales sur bâtiments, serres et hangars agricoles et ombrières de parking de puissance comprise entre 100 kWc et 8 MWc »
Le cahier des charges de l’appel d’offres portant sur la réalisation et l’exploitation d’installations de production d’électricité à partir d’énergie solaire « Centrales sur bâtiments, serres et hangars agricoles et ombrières de parking de puissance comprise entre 100 kWc et 8 MWc » est désormais disponible sur le site de la Commission de régulation de l’énergie. Présentation d’un cahier des charges dont l’un des outils de sélection des offres sera le droit de l’urbanisme.
Cet appel d’offres porte sur la réalisation et l’exploitation d’installations photovoltaïques sur bâtiments, serres et hangars agricoles et ombrières de parking, situées en France métropolitaine continentale.
La puissance cumulée appelée est répartie, par familles, en neuf périodes de candidatures, dont la première débutera le 24 février 2017 et la dernière s’achèvera le 4 novembre 2019.
La notation est pondérée selon deux critères seulement, à savoir le prix (70 points maximum) et l’impact carbone (30 points sur 100).
Les candidats retenus bénéficieront :
- pour la famille 1 (installations de puissance crête comprise entre 100 kWc exclus et 500 kWc exclus) d’un contrat d’achat de l’électricité produite ;
- pour la famille 2 (installations de puissance crête comprise entre 500 kWc inclus et 8 MWc inclus), qui exclut les ombrières de parking, d’un contrat de complément de rémunération.
La Commission de Régulation de l’Energie (ci-après CRE) avait déjà rendu un avis mitigé sur le projet de cahier des charges portant sur les centrales solaires sur bâtiments (cf. notre note du 6 septembre 2016). Tout en étant globalement favorable au projet de cahier des charges, la CRE avait émis plusieurs réserves.
Sa proposition visant à ajouter un plan d’affaires prévisionnel au dossier de candidature a été accueillie (cf. 3.2.5 du cahier des charges), de même que sa demande relative à la fixation du délai d’instruction à un mois (cf. 1.3.4 du cahier des charges).
En pratique, ce délai pourrait toutefois être délicat à respecter en raison du maintien de l’exigence de l’autorisation d’urbanisme au stade de la candidature à l’appel d’offres.
Les autres observations de la CRE n’ont en revanche pas été entendues par l’État.
- D’une part, la CRE était défavorable à la clause autorisant l’augmentation de la puissance cible pour une période lorsque le volume total déposé dépasse largement la puissance cible initialement appelée. Cette clause a été conservée (cf. 1.1.2 du cahier des charges): pour chaque période et dans chaque famille, la puissance cumulée appelée pourra être dépassée et le ministre chargé de l’énergie pourra décider de réviser cette puissance maximale.
- D’autre part, et surtout, la CRE était défavorable à l’exigence de production des pièces relatives à l’autorisation d’urbanisme, qui est à juste titre considérée comme alourdissant la préparation et l’instruction des dossiers, et dont elle demandait la suppression.
Cette exigence a été maintenue : l’autorisation d’urbanisme doit être jointe au dossier de candidature. Il peut s’agir de l’arrêté de permis de construire en cours de validité ou de la déclaration préalable de travaux accompagnée du certificat de non-opposition.
Si le candidat n’est pas lui-même titulaire de l’autorisation d’urbanisme, il joint une pièce attestant de la mise à disposition de cette autorisation par son bénéficiaire ainsi qu’une copie de cette autorisation d’urbanisme. Cela s’applique également dans le cas où l’autorisation d’urbanisme est détenue par une société appartenant au même groupe que la société candidate (cf.3.2.3 du cahier des charges).
Lorsque l’autorisation ne porte pas sur le projet déposé, ou, le cas échéant, que les attestations de mise à disposition ne sont pas présentes ou ne permettent pas d’établir un lien entre le titulaire du document et le candidat, l’offre est éliminée.
L’exigence de l’autorisation d’urbanisme au stade de la candidature à l’appel d’offres aura donc pour effet d’augmenter les risques d’irrecevabilité déjà pointés par la CRE.
Surtout, il convient de noter que le paragraphe 3.2.3 du cahier des charges contient une clause précisant que:
« Les caractéristiques du projet mentionnées dans l’autorisation d’urbanisme doivent être compatibles avec le projet tel que décrit dans l’offre. »
Ceci laisse à penser que l’obtention de l’autorisation d’urbanisme n’est pas une simple formalité préalable. Il conviendra d’être particulièrement attentif au contenu de l’autorisation d’urbanisme et à sa compatibilité avec le projet d’installation décrit dans l’offre.
La CRE devra donc se prononcer sur la compatibilité du projet avec le droit de l’urbanisme, ce qui a pu faire alimenter la crainte d’un allongement des délais d’instruction.
À la différence de l’appel d’offres portant sur les centrales solaires au sol, les conditions d’implantation et le certificat d’éligibilité du terrain d’implantation délivré par le préfet ne sont pas prévus au cahier des charges des centrales sur bâtiments.
Néanmoins, cela résulte de la nature même de ces centrales, qui ont vocation à s’implanter sur des bâtiments, serres et hangars agricoles, et ombrières de parking, et non pas d’un changement de logique de l’administration.
Par ailleurs, il est précisé parmi les obligations du lauréat, que celui-ci doit tenir à disposition de la CRE et de l’administration (cf. 6.8.2) une description du site d’implantation et une description des réglementations applicables au projet notamment en matière de risques (ICPE, PPR…) et d’urbanisme.
Bien qu’il s’agisse ici de la phase post-sélection, l’exigence de respect du droit de l’urbanisme est clairement établie. Ainsi, ce nouveau cahier des charges confirme que le droit de l’urbanisme reste un instrument de sélection et une contrainte pour les porteurs de projets de centrales solaires sur bâtiments.
Une attention toute particulière devra donc être portée à l’obtention de l’autorisation d’urbanisme, laquelle devra correspondre en tout point au projet présenté par le candidat, ainsi qu’à la conformité de l’installation aux réglementations d’urbanisme.
Céline Ciriani
Elève-avocate – Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
Rapport 2025 du Haut conseil pour le climat : le changement climatique accélère mais l’Etat ralentit
Le Haut conseil pour le climat, créé en 2019 à l'initiative du Président de la République et composé de douze experts indépendants vient de publier son nouveau rapport annuel. Un rapport qui pointe le ralentissement de notre rythme de réduction des émissions de gaz à...
Certificats d’économies d’énergie : le législateur renforce la prévention et la répression des fraudes (loi du 30 juin 2025 contre toutes les fraudes aux aides publiques)
Le Gouvernement a publié, au journal officiel de la République française du 1er juillet 2025, la loi n°2025-594 du 30 juin 2025 contre toutes les fraudes aux aides publiques. Cette loi modifie assez sensiblement le dispositif des certificats d’économies d’énergie...
Programmation pluriannuelle de l’énergie : le Sénat confirme l’affaiblissement de l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre et la suppression des objectifs sectoriels de développement des énergies renouvelables
Ce mardi 1er juillet 2025, en deuxième lecture et en commission, les sénateurs ont examiné la proposition de loi du sénateur Gremillet portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie. Si les sénateurs ont supprimé la...
Programmation pluriannuelle de l’énergie : l’Assemblée nationale rejette la proposition de loi mais le risque d’un « moratoire light » sur les énergies renouvelables demeure
Ce mardi 24 juin 2025, les députés doivent se prononcer, lors du vote solennel, pour ou contre la proposition de loi du sénateur Gremillet portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie. Si le texte est rejeté par...
économies d’énergie : le point sur les dernières évolutions réglementaires relatives aux certificats d’économies d’énergie (CEE) et MaPrimeRénov’
Les dispositifs des certificats d’économies d’énergie (CEE) et de MaPrimeRénov’ ont connu des modifications importantes avec la récente publication de plusieurs textes au Journal officiel, en sus des annonces du Gouvernement relatives à la suspension d’une partie du...
Programmation pluriannuelle de l’énergie : sur proposition du Gouvernement et du Rassemblement national, les députés affaiblissent de nouveau l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre
Depuis le 16 juin 2025, les députés examinent, en séance publique, la proposition de loi, adoptée par le Sénat, portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie (n°463). Ce 19 juin 2025, sur proposition du...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.