En bref
Certificats d’économies d’énergie (CEE) : arrêté du 7 avril 2025 modifiant l’arrêté du 4 septembre 2014
Modification de l’arrêté tarifaire S21 : refonte majeure actée et à venir des conditions d’achat pour les installations sur toiture et ombrière inférieure ou égale à 500 kWc
Code minier : publication de l’arrêté du 3 avril 2025 soumettant les décisions d’octroi, d’extension ou de prolongation des concessions et permis exclusifs de recherches (PER) à évaluation environnementale
Déforestation importée : consultation publique sur un projet de règlement modifiant le règlement 2023/1115 (RDUE)
Autoconsommation et énergies renouvelables : l’Assemblée nationale adopte le projet de loi en commission
Le projet de loi ratifiant les ordonnances relatives à l’autoconsommation et à la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables, vient récemment d’être adopté par la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. Analyse.
Ce projet de loi a pour objet de ratifier d’une part, l’ordonnance n°2016-1019 du 27 juillet 2016 relative à l’autoconsommation d’électricité et d’autre part, l’ordonnance n°2016-1059 du 3 août 2016 relative à la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables et visant à adapter certaines dispositions relatives aux réseaux d’électricité et de gaz et aux énergies renouvelables.
Pour mémoire, ce projet de loi s’articule autour de cinq articles :
- L’article 1er ratifie les ordonnances susvisées ;
- L’article 2 met fin à la valorisation des garanties d’origine de la production d’électricité renouvelable bénéficiant d’un contrat d’achat ou de complément de rémunération et précise les sanctions applicables le cas échéant ;
- L’article 3 élargit le bénéfice de la réfaction tarifaire pour le raccordement des installations de production d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelable ;
- L’article 4 confie aux gestionnaires des réseaux d’acheminement du gaz, la coordination des opérations associées à la modification de la nature du gaz acheminé dans ces réseaux ;
- L’article 5 prévoit la possibilité, à titre transitoire dans l’attente de la publication de la programmation pluriannuelle de l’énergie, de recourir à une procédure d’appel d’offres pour développer des capacités de production de biogaz destiné à être injecté dans le réseau de gaz.
Pour de plus amples détails sur l’analyse en particulier des articles 2 et 3, voir un précédent article publié sur ce blog le 18 octobre 2016.
L’examen du projet de loi a été confié à la Commission des Affaires Economiques de l’Assemblée nationale, qui a désigné Madame Béatrice Santais, Rapporteure du texte.
La Commission des Affaires économiques a apporté certaines modifications au projet de loi qui lui a été initialement soumis.
En premier lieu, l’article 1er a été complété par les dispositions suivantes.
- De première part, un nouvel article 1er bis propose de compléter la définition de l’opération d’autoconsommation, précisée à l’article L. 315-1 du code de l’énergie, afin que l’électricité produite puisse être consommée soit instantanément, soit après une période de stockage.
Cette modification, qui a pour origine un amendement proposé par Madame la Rapporteure, a pour objectif d’éviter le « net-metering », qui consiste à « compenser les kilowattheures injectés par des kilowattheures soutirés à n’importe quel moment de l’année. »
Lors des débats en commission, la Rapporteure du texte a notamment défendu son amendement en ces termes : « Ce système [net metering] n’incite pas à la mise en place de démarches vertueuses, ni en termes de synchronisation de la consommation du site avec la production, ni en termes d’injection sur le réseau, dans la mesure où il permet de compenser des kilowattheures soutirés en plein hiver, aux périodes de pointe, par des kilowattheures produits l’été lorsque le soleil brille largement, qui n’ont donc pas la même valeur. »
- De deuxième part, un nouvel article 1er ter propose de remplacer « une même antenne basse tension » par « un même départ basse tension », pour définir une opération d’autoconsommation collective, précisée à l’article L. 315-2 du code de l’énergie.
Cet amendement, proposé par la Rapporteure et voté en commission, viserait à sécuriser juridiquement les opérations d’autoconsommation, dès l’instant où la notion d’antenne basse tension, ne fait l’objet d’aucune définition précise.
Selon la Rapporteure, la notion de départ basse tension « est une notion plus claire qui permet l’autoconsommation entre particuliers, comme entre particuliers et bâtiments à vocation économique. »
En réalité, aucune de ces deux notions n’est actuellement définie juridiquement. Il est vrai, toutefois, que la notion de « départ basse tension » est utilisée dans le récent cahier des charges de l’appel d’offres relatif à l’autoconsommation du mois d’août 2016 ainsi que dans la foire aux questions de la Commission de Régulation de l’Energie de septembre 2016.
- De troisième part, un nouvel article 1er quater propose de remplacer le mot « index » par « mesure » à l’article L. 315-4 du code de l’énergie.
Cette modification, issue d’un amendement proposé par la Rapporteure, poursuit l’objectif d’éviter, là encore, le net-metering.
Dans ce but, la Rapporteure soutient qu’il est indispensable de « faire des mesures de consommation à échéances régulières ».
En deuxième lieu, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) ayant été publié par le décret n°2016-1442 du 27 octobre 2016, la Commission des Affaires Economiques de l’Assemblée nationale propose logiquement de supprimer l’article 5 du projet de loi.
A noter que l’adoption de l’article 2 du projet de loi relatif à la suppression de la valorisation des garanties d’origine a été particulièrement débattue en commission.
Plusieurs membres de la commission ont voté un amendement visant à supprimer cet article 2.
Si cet amendement a finalement été rejeté par les membres de la Commission ces derniers ont toutefois souligné la nécessité de rechercher, avec le Gouvernement, un mécanisme de traçabilité de l’électricité verte, distinct « de toute possibilité de valorisation monétaire », selon la Rapporteure.
Emma Babin
Avocate
Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
2 mai 2025 : conférence d’Arnaud Gossement à l’université de Lille sur « L’effet non-suspensif des recours en contentieux administratif, à l’aune de l’affaire de l’autoroute A69 »
Le vendredi 2 mai 2025 à 14h, Me Arnaud Gossement donnera, à l'université de Lille, une conférence intitulée : "Retour sur l'affaire de l'autoroute A69, l'effet non-suspensif de recours en contentieux administratif". Cette conférence sera animée par M. Pierre-Yves...
« Ne boudons pas les bonnes nouvelles » : nouvelle chronique d’Arnaud Gossement pour le journal La Croix
Arnaud Gossement est l’un des quatre experts membres du comité écologie du journal La Croix. Un comité mis en place pour accompagner la rédaction dans sa volonté de mieux traiter l’actualité des enjeux environnementaux. Dans ce cadre, Arnaud Gossement a publié ici une...
Transition énergétique : le Premier ministre confirme un changement de forme et de fond pour la prochaine feuille de route énergétique, qui sera adoptée par une loi
Ce lundi 28 avril 2025, à l'Assemblée nationale, le Premier ministre a procédé à une "déclaration sur la souveraineté énergétique de la France" qui a été suivie d'un débat sans vote, comme le prévoit l'article 50-1 de la Constitution. Un débat du même type sera...
Déchets – économie circulaire : une proposition de loi pour rendre visible l’éco-contribution sur les produits relevant du principe de la responsabilité élargie du producteur (REP)
Voici une mesure qui peut sembler technique mais qui est en réalité essentielle pour la protection de l'environnement et, plus précisément, pour la prévention et la gestion des déchets. Ce 17 avril 2025, M. Stéphane Delautrette et plusieurs autres députés du groupe...
Pollution de l’eau potable par les nitrates : la Commission européenne saisit la Cour de justice de l’Union européenne d’un recours contre la France (Affaire C-154/25)
Par un recours daté du 21 février 2025 et rendu public ce 22 avril 2025 (affaire C-154/25), la Commission européenne a demandé à la Cour de justice de l'Union européenne de constater que la France ne respecte toujours pas la directive (UE) 2020/2184 du Parlement...
Loup : article de Me Florian Ferjoux dans le « Journal du droit européen » sur la jurisprudence récente de la Cour de justice de l’Union européenne
Me Florian Ferjoux a procédé à une analyse des enjeux juridiques liés à la préservation du loup au regard de la directive Habitats dans son nouvel article intitulé : « Le loup : la protection des espèces dans la directive Habitats », publié au sein du Journal du droit...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.