En bref
Certificats d’économie d’énergie : Publication au JO de ce jour de l’arrêté du 18 novembre 2024 modifiant plusieurs textes règlementaires relatifs aux opérations standardisées d’économie d’énergie
[webinaire] 21 novembre 2024 – Autorisation environnementale
Produits chimiques : agrément d’un nouvel éco-organisme
Solarisation des parkings : publication du décret d’application de l’article 40 de la loi APER
Travaux miniers : précisions sur l’application du principe de précaution (Conseil d’Etat)
Par une décision du 25 février 2019 (n°410170) mentionnée au Recueil, le Conseil d’Etat a apporté des précisions, non seulement sur l’application du principe de précaution mais également sur le suivi environnemental périodique d’une exploitation minière.
Dans cette affaire, le Conseil d’Etat est saisi, en premier et dernier ressort, conformément aux dispositions de l’article R. 311-1 du code de justice administrative, aux fins d’annulation de décrets accordant des concessions de sables et graviers siliceux dans les fonds marins du domaine public maritime au large de la Vendée.
Spécifions qu’en application de l’article L. 132-2 du code minier de telles concessions sont accordées par décret en Conseil d’Etat. Ici, le Premier ministre a accordé, par un premier décret du 8 mars 2017 au groupement » Cairnstrath SN2 » la concession dite » concession Cairnstrath SN2 » pour une durée de vingt ans, et, par un second en date du même jour, il a accordé à une société une concession similaire dite » concession Cairnstrath A ».
Une association locale ainsi qu’une communauté de communes ont formé des recours pour excès de pouvoir à l’encontre de ces décrets.
C’est dans ce contexte que le Conseil d’Etat a été amené à se prononcer sur plusieurs règles du droit de l’environnement et du droit minier, et plus spécifiquement sur l’application du principe de précaution.
Après avoir rappelé le principe et ses manifestations le Conseil d’Etat procède d’un raisonnement ternaire. En effet, il examine d’abord la pertinence des études, puis la méconnaissance du principe et enfin les autres mesures permettant de prévenir la survenance de dommages irréversibles, dont le suivi périodique de l’exploitation.
S’agissant du principe, cristallisé par l’article 5 de la Charte de l’environnement, constitutionnel donc, il vise, en l’état des connaissances scientifiques, à prévenir la survenance de dommages graves et irréversibles pour l’environnement. Ce principe met à la charge des autorités publiques des obligations de mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et d’adoption de mesures provisoires et proportionnées pour parer la réalisation de tels dommages.
Concernant le raisonnement,
En premier lieu, le Conseil d’Etat apprécie les études scientifiques réalisées dans le cadre des projets de concession, il regarde les incidences et les dommages irréversibles qui pourraient être causés au trait de côte et à l’environnement puis conclut sur la possibilité d’appliquer le principe dans une telle conjoncture.
En deuxième lieu, il s’attarde sur la réalité de la portée des risques ainsi que sur l’incertitude de nature à justifier l’application du principe et conclut définitivement sur l’application du principe ou non.
En troisième et dernier lieu, après avoir écarté l’application du principe, il regarde dans le cas d’espèce s’il est tout de même possible de pallier les potentiels dommages irréversibles. Pour ce faire il apprécie les obligations pesant sur le concessionnaire. Ici il analyse l’influence du cahier charges sur les concessions et notamment l’obligation créée par le décret de suivi environnemental périodique de l’exploitation.
Il convient de préciser qu’en droit de l’environnement, les installations classées qui présentent des risques particuliers sont soumises à des contrôles périodiques pour s’assurer de leur fonctionnement correct (L. 512-11 code de l’environnement). En droit minier, l’obligation n’existe pas en tant que telle, mais les concessions minières en fond marin respectent les mêmes dispositions que les exploitations soumises à autorisation environnementale (L. 162-7 code minier)
En l’espèce, il reconnait qu’il y a une forte possibilité de voir de tels dommages se réaliser et que le principe de précaution pourrait trouver à s’appliquer. Toutefois,au regard des pièces portées à sa connaissance et notamment des études réalisées sur les processus physiques en jeu, le Conseil d’Etat considère que le lien de causalité entre l’exploitation et de potentiels dommages n’est pas suffisant pour justifier l’existence d’une incertitude qui entraînerait l’application du principe.
Dans l’ultime partie de son raisonnement, le Conseil d’Etat semble considérer que, même si le principe de précaution ne s’applique pas, les évaluations qui vont être réalisées dans le cadre du suivi environnemental périodique sur les interactions entre l’exploitation du site et le trait de côte pourront permettre à l’administration d’intervenir et de prendre des mesures adaptées et proportionnées.
En définitive, le Conseil d’Etat a rejeté les requêtes en considérant que les décrets ne méconnaissaient pas l’article 5 de la Charte de l’environnement et qu’aucun des moyens soulevés par les requérants n’étaient de nature à entraîner l’annulation.
Laetitia Domenech
Juriste – Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
Autorisation environnementale : les exigences du site internet dédié à la consultation publique sont précisées par arrêté
La ministre de la transition écologique a publié, au journal officiel du 27 novembre 2024, l'arrêté du 18 novembre 2024 relatif aux caractéristiques techniques du site internet prévu à l'article R. 181-36 du code de l'environnement. Cet arrêté très important définit...
Dérogation espèces protégées : nouvelle possibilité de refus de régularisation de l’autorisation environnementale par le juge administratif (Conseil d’Etat, 6 novembre 2024, n°477317)
Par une décision n°477317 du 6 novembre 2024, le Conseil d’Etat a précisé que le juge administratif peut refuser d’engager une procédure de régularisation d’une autorisation environnementale - délivrée pour l’exploitation d’une installation classée pour la protection...
Autorisation environnementale : précisions sur la régularisation de l’autorisation dans le cadre d’un sursis à statuer (CE, 18 novembre 2024, n°474372 mentionnée aux Tables)
Par un récent arrêt du 18 novembre 2024, n°474372, le Conseil d’Etat a apporté plusieurs précisions importantes en ce qui concerne la régularisation du ou des vices entachant d’illégalité une autorisation environnementale, à la suite d’un sursis à statuer prononcé par...
Agrivoltaïsme : dépôt d’une proposition de loi tendant à créer un bail rural à clauses agrivoltaïques
Une proposition de loi tendant à créer un bail rural à clauses agrivoltaïques vient d'être déposée au Sénat. L'objectif des parlementaires qui en sont les auteurs est d'accompagner et favoriser le développement de l'agrivoltaïsme. Présentation. La loi du 10 mars 2024...
[Communiqué] Energie renouvelable : le cabinet obtient le rejet du recours contre un permis de construire d’une unité de production de biogaz par méthanisation (Tribunal administratif de Caen, 9 octobre 2024, n°2200096)
Par un jugement n°2200096 du 9 octobre 2024, le tribunal administratif de Caen a rejeté le recours formé à l'encontre du permis de construire, obtenu par la société La Goyère, cliente du cabinet, pour la réalisation d'une unité production de biogaz par méthanisation....
[Communiqué] Biodiversité : l’association One Voice, défendue par Gossement Avocats, obtient en justice l’annulation et la suspension de plusieurs autorisations de chasse d’oiseaux dans les Alpes de Haute-Provence, les Hautes-Alpes et en Isère
Le tribunal administratif de Marseille a, par deux jugements du 19 septembre 2024, annulé les arrêtés préfectoraux de chasse du Tétras-lyre et de la Perdrix bartavelle dans les Alpes de Haute-Provence et les Hautes-Alpes. La juge des référés du tribunal administratif...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.