En bref
Certificats d’économies d’énergie (CEE) : arrêté du 7 avril 2025 modifiant l’arrêté du 4 septembre 2014
Modification de l’arrêté tarifaire S21 : refonte majeure actée et à venir des conditions d’achat pour les installations sur toiture et ombrière inférieure ou égale à 500 kWc
Code minier : publication de l’arrêté du 3 avril 2025 soumettant les décisions d’octroi, d’extension ou de prolongation des concessions et permis exclusifs de recherches (PER) à évaluation environnementale
Déforestation importée : consultation publique sur un projet de règlement modifiant le règlement 2023/1115 (RDUE)
Allégations environnementales : l’utilisation de l’allégation « 50% recyclé » méconnait les règles déontologiques de la publicité (Avis du Jury de la déontologie publicitaire du 9 août 2021)
Par un avis rendu le 9 août 2021, le Jury de la déontologie publicitaire a considéré que la publicité d’un fabricant de chaussures de sport méconnaît les règles déontologiques dont il assure le respect et notamment la recommandation « Développement durable » de l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP). Analyse.
Pour rappel, le Jury de la déontologie publicitaire a pour mission de se prononcer sur des plaintes émises à l’encontre de publicités, au regard des règles professionnelles de l’ARPP. Pour être recevable, une plainte peut être fondée sur l’inobservation des règles déontologiques de l’ARPP ainsi que sur les dispositions du Code de la Chambre de commerce internationale sur la publicité et les communications commerciales.
Dans cette affaire, le Jury de la déontologie publicitaire a été saisi le 18 mai 2021 d’une plainte concernant la conformité aux règles déontologiques d’une publicité de la société X pour la promotion d’un de ses modèles de baskets.
Cette publicité représente une chaussure qui écrase une bouteille en plastique vide. Un texte inscrit en couleur verte mentionne : « 100% iconique, 50% recyclée » puis un autre texte en caractères de taille inférieure précise plus bas « *Nouvelle Stan Smith dotée d’une tige Primegreen fabriquée à partir d’un minimum de 50% de matériaux recyclés. Tout plastique utilisé sur le pied est recyclé ». De plus, un logo rond toujours de couleur verte est situé au haut à droite de l’affiche et indique « End plastic waste », traduit au bas de la publicité par « Mettons fin aux déchets plastiques ».
En premier lieu, dans son analyse, le Jury de la déontologie publicitaire rappelle différents points issus de la Recommandation « Développement durable » de l’ARPP du 1er août 2020 :
- Au titre de la véracité des actions (point 2) : « 2.1. La publicité ne doit pas induire le public en erreur sur la réalité des actions de l’annonceur ni sur les propriétés de ses produits en matière de développement durable ; / 2.2. Les actions des annonceurs et les propriétés de leurs produits dans ce domaine doivent être significatives pour pouvoir être revendiquées ; / 2.3. L’annonceur doit être en mesure de justifier les arguments ayant trait au développement durable au moyen d’éléments sérieux, objectifs et vérifiables au moment de la publicité (…) »
- Au titre de la proportionnalité du message (point 3) : « 3.1 Le message publicitaire doit exprimer avec justesse l’action de l’annonceur ou les propriétés de ses produits, en adéquation avec les éléments justificatifs transmissibles. (…) / 3.2 Le message publicitaire doit être proportionné à l’ampleur des actions menées par l’annonceur en matière de développement durable ainsi qu’aux propriétés du produit dont il fait la promotion. (…) ».
- Au titre de la clarté du message (point 4) : « 4.1. l’annonceur doit indiquer dans la publicité en quoi ses activités ou ses produits présentent les qualités revendiquées ; (…) / 4.3. Lorsqu’une explicitation est nécessaire, celle-ci doit être claire, lisible ou audible et, donc, répondre aux exigences de la Recommandation « Mentions et renvois » de l’ARPP (…) »
- Au titre des signes, labels, logos, symboles, auto-déclarations (point 6) : « 6.1 Les signes ou symboles ne peuvent être utilisés que si leur origine est clairement indiquée et s’il n’existe aucun risque de confusion quant à leur signification. (…) / 6.3 La publicité ne doit pas attribuer aux signes, logos ou symboles une valeur supérieure à leur portée effective ».
En deuxième lieu, le Jury relève ainsi que la publicité litigieuse comporte plusieurs mentions pouvant être qualifiées d’allégations environnementales trompeuses.
S’agissant du slogan « 100 % iconique » et « 50 % recyclée », le Jury considère que cette information ne permet pas au consommateur de connaître la proportion totale de la chaussure qui est recyclée, alors qu’elle constitue la donnée la plus pertinente au regard de l’allégation utilisée (« 50 % recyclée »). Selon le Jury, les exigences de la Recommandation « Développement durable » de l’ARPP en matière de clarté du message sont donc méconnues.
S’agissant du logo mentionnant le texte « End Plastic Waste » le Jury identifie également une allégation environnementale. En effet, il estime que « si le plastique utilisé pour confectionner les baskets promues provient de la récupération de déchets plastiques abandonnés, en particulier dans l’océan, il est constant qu’il ne s’agit pas pour autant de plastique recyclable. En fin de vie, la basket jetée viendra donc abonder la masse des déchets plastiques non recyclés et, vraisemblablement, alimenter la pollution qui en résulte. Il ne saurait donc être prétendu que la commercialisation de ces chaussures constituerait un moyen d’« en finir » avec les déchets plastiques. »
Pour le Jury de la déontologie publicitaire, la publicité en cause méconnait le point 3 sur la « proportionnalité du message » et le point 6 « les signes, labels, logos, symboles, auto-déclarations » de la Recommandation « Développement durable » de l’ARPP.
En conclusion, cet avis – qui n’est pas isolé – témoigne d’un encadrement croissant des allégations environnementales dans la publicité. Pour rappel, l’article 12 de la loi Climat et Résilience du 22 août 2021 interdit déjà d’affirmer sans preuves dans une publicité qu’un produit ou un service est « neutre en carbone » ou d’employer toute formule équivalente (lire notre commentaire sur cet article).
Sophia Faddaoui
Avocate – Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
économies d’énergie : le point sur les dernières évolutions réglementaires relatives aux certificats d’économies d’énergie (CEE) et MaPrimeRénov’
Les dispositifs des certificats d’économies d’énergie (CEE) et de MaPrimeRénov’ ont connu des modifications importantes avec la récente publication de plusieurs textes au Journal officiel, en sus des annonces du Gouvernement relatives à la suspension d’une partie du...
Programmation pluriannuelle de l’énergie : sur proposition du Gouvernement et du Rassemblement national, les députés affaiblissent de nouveau l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre
Depuis le 16 juin 2025, les députés examinent, en séance publique, la proposition de loi, adoptée par le Sénat, portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie (n°463). Ce 19 juin 2025, sur proposition du...
Programmation pluriannuelle de l’énergie : les députés votent un moratoire sur l’éolien et le solaire photovoltaïque
Depuis le 16 juin 2025, les députés examinent, en séance publique, la proposition de loi, adoptée par le Sénat, portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie (n°463). Un texte principalement marqué par le choix,...
Programmation pluriannuelle de l’énergie : les députés confirment la priorité donnée à l’énergie nucléaire, première des « énergies décarbonées »
Depuis le 16 juin 2025, les députés examinent, en séance publique, la proposition de loi, adoptée par le Sénat, portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie (n°463). Un texte principalement marqué par le choix,...
[communiqué] Port de Brétignolles-sur-Mer : l’association Agir pour Brétignolles présidée par Nicolas Ducos et assistée par Gossement Avocats obtient l’annulation du projet devant la cour administrative d’appel de Nantes
Par arrêt rendu ce 6 juin 2025 (n°23NT00045) la cour administrative d’appel de Nantes a annulé le plan local d’urbanisme de la commune de Bretignolles-sur-Mer, jugé que l’ensemble du secteur de la Normandelière constitue un espace remarquable et que la partie...
Programmation pluriannuelle de l’énergie : sénateurs et députés veulent passer des énergies renouvelables aux énergies décarbonées
A compter du 16 juin 2025, le députés examineront la proposition de loi, adoptée par le Sénat, portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie (n°463). Les députés débattront du texte adopté en commission des...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.