En bref
[Soirée débat] 9 décembre 2025 – « Désinformation climatique : le rôle du droit face au brouillage du réel »
Un maire peut refuser le permis de construire d’un poulailler industriel en raison du manque d’eau, en tenant compte du changement climatique (jurisprudence cabinet)
[webinaire] 21 novembre 2025 : « Etat de droit et Environnement : le Conseil constitutionnel face aux reculs environnementaux » (La Fabrique écologique)
[colloque] 17 octobre 2025 : intervention d’Arnaud Gossement à la IXème édition des Journées Cambacérès sur « Justice et Environnement » organisées par la Cour d’appel et la Faculté de droit de Montpellier
La consultation pour avis d’une commission administrative doit être réelle et pas simplement formelle : le cas de la commission inter-filières de responsabilité élargie des producteurs (Conseil d’État, 20 mars 2024, n°450282 – CIFREP / Filière REP DDS)
« Les éco-organismes sont agréés par l’Etat pour une durée maximale de six ans renouvelable s’ils établissent qu’ils disposent des capacités techniques et financières pour répondre aux exigences d’un cahier des charges, fixé par arrêté interministériel, et après avis de l’instance représentative des parties prenantes de la filière » (nous soulignons).
La liste des ces filières REP figure à cet article L.541-10.
La composition et les missions de cette « »instance représentative des parties prenantes » – dénommée commission inter-filières de responsabilité élargie des producteurs (CIFREP) – sont précisées à l’article D.541-6-1 du code de l’environnement, dans sa rédaction issue du décret n°2021-726 du 8 juin 2021 (article 3).
En synthèse, cette commission :
– est placée auprès du ministre chargé de l’environnement.
– comprend 1 président et 5 collèges (producteurs, collectivités territoriales, associations de protection de l’environnement agréés, opérateurs de la prévention et de la gestion des déchets, Etat)
– est (obligatoirement) consultée pour avis notamment sur : les projets d’arrêtés portant cahiers des charges impartis aux éco-organismes ou systèmes individuels de chaque filière ; les demandes d’agrément des éco-organismes et des systèmes individuels ; les projets d’arrêtés relatifs aux modulations des contributions financières versées par les producteurs, prévues à l’article L. 541-10-3 ; les orientations des actions de communication inter-filières mises en œuvre par le ministre chargé de – l’environnement en application de l’article L. 541-10-2-1, et le bilan de ces actions.
– peut être également être consultée par le ministère chargé de l’environnement sur les projets de textes législatifs et réglementaires ayant une incidence sur les filières de responsabilité élargie des producteurs.
L’article D.541-6-1 du code de l’environnement précise en outre que « Les avis émis par la commission le sont à titre consultatif. Ces avis sont rendus publics« . Le calendrier des réunions de la CIPFREP et les compte-rendus de réunion sont disponibles sur le site internet du ministère chargé de l’écologie.
III. Sur le défaut de consultation régulière de la CIFREP
Aux termes de sa décision ici commentée, le Conseil d’Etat a jugé que l’arrêté du 1er décembre 2020 a été publié à la suite d’une procédure irrégulière. En effet, la CIFREP « n’a pas été consultée » sur le dispositif de majoration des barèmes applicables dans les collectivités des territoires d’outre-mer introduit au I de l’annexe III de l’arrêté attaqué :
« 3. Il ressort des pièces du dossier que la société X soutient, sans être contredite, qu’il résulte du compte-rendu de la réunion de cette commission du 24 novembre 2020 que celle-ci n’a pas été consultée sur le dispositif de majoration des barèmes applicables dans les collectivités des territoires d’outre-mer introduit au I de l’annexe III de l’arrêté attaqué. Par suite, la société requérante est, sans qu’il soit besoin de se prononcer sur les autres moyens de la requête, fondée à soutenir que les dispositions qu’elle attaque ont été prises au terme d’une procédure irrégulière et à en demander, pour ce motif, l’annulation. »
Le Conseil d’Etat déduit le vice de procédure pour défaut de consultation régulière de la CIFREP de la lecture du compte-rendu de sa réunion du 24 novembre 2020. Il ne précise cependant pas le motif exact pour lequel cette consultation n’est pas régulière. Sa décision indique uniquement
– que le Conseil d’Etat s’est prononcé sur le fondement du compte-rendu de cette réunion du 24 novembre 2020 : « il résulte du compte-rendu de la réunion de cette commission du 24 novembre 2020«
– que l’absence de consultation régulière concerne une disposition en particulier du projet de texte
Cette décision appelle les observations suivantes.
« Après avoir entendu la présentation et les explications de la DGPR sur le projet d’arrêté relatif au cahier des charges de la filière des DDS, les principales questions traitées ont porté sur les sujets ci-dessous.
Un représentant des producteurs a indiqué que l’abrogation de la disposition du cahier des charges relative à la constitution de provisions pour charge futures soulevait une difficulté de mise en œuvre à court terme pour l’éco-organisme déjà agréé.
Un représentant des opérateurs de la prévention et de la gestion des déchets a suggéré d’élargir l’expérimentation de recyclage des peintures à leur réutilisation ou réemploi.
La DGPR a proposé d’ajuster le cahier des charges pour que l’abrogation des dispositions sur les provisions pour charges intervienne à l’issue de l’exercice comptable en cours s’agissant des éco-organismes déjà agrées.
La commission a émis l’avis suivant :
Avis favorable :
o Pour: 15
o Contre: 0
o Abstention: 9 (2 MEDEF, 2 CPME, 1 AFEP, 2 AMF, 1 ADF, 1 ARF)«
De notre interprétation de la décision rendue par le Conseil d’Etat ce 20 mars 2024, pour que la consultation pour avis de la CIFREP soit régulière, elle ne doit pas simplement être saisie d’un projet de texte mais doit aussi en débattre. Il importe donc que le compte-rendu fasse apparaître que l’ensemble des dispositions du projet de texte a bien été examiné par la CIFREP.
En troisième lieu, cette décision du Conseil d’Etat s’applique-t-elle à toutes les procédures de consultation pour avis d’une commission administrative ?
Les dispositions législatives et réglementaires relatives à la CIFREP ne précisent pas de quelle manière celle-ci doit être consultée. La solution ici retenue par le Conseil d’Etat et selon laquelle la consultation de cette commission peut être irrégulière même si le projet de texte lui a été présentée ne semble donc pas procéder d’une disposition propre au régime juridique de la CIFREP.
Il convient de rester prudent et d’attendre une confirmation éventuelle mais il est possible de lire cette décision du 20 mars 2024 comme témoignant du souci du Conseil d’Etat de ne pas accepter des consultations purement formelles de commissions administratives.
Par précaution, il importe certainement que les compte-rendus et avis des commissions administratives saisies pour avis soient plus longuement rédigés de manière à bien préciser que chaque disposition des textes à l’ordre du jour a bien été examinée.
Pour l’heure, l’article R133-13 du code des relations entre le public et l’administration dispose que « Le procès-verbal de la réunion de la commission indique le nom et la qualité des membres présents, les questions traitées au cours de la séance et le sens de chacune des délibérations. Il précise, s’il y a lieu, le nom des mandataires et des mandants./ Tout membre de la commission peut demander qu’il soit fait mention de son désaccord avec l’avis rendu./ L’avis rendu est transmis à l’autorité compétente pour prendre la décision« .
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
Dérogation espèces protégées : l’administration n’est pas tenue de vérifier la fiabilité d’un dispositif anticollision prescrit par le juge administratif ou d’exiger le dépôt d’une demande de dérogation (Conseil d’Etat, 22 décembre 2025, n°497091 et 492940)
Par deux décisions rendues ce 22 décembre 2025, le Conseil d'Etat a apporté d'importantes précisions relatives à la procédure d'autorisation de déroger à l'interdiction de destruction d'espèces protégées. En premier lieu, la Haute juridiction administrative a jugé que...
Dérogation espèces protégées : le préfet doit mettre en demeure, à tout moment, l’exploitant d’une ICPE de régulariser sa situation (CE, 16 décembre 2025, n°494931)
Par une décision n°494931 rendue ce 16 décembre 2025, le Conseil d'Etat a jugé que le préfet doit mettre en demeure l'exploitant d'une installation classée (ici un parc éolien) de déposer une demande de dérogation espèces protégées lorsque les conditions sont réunies....
Charte de l’environnement : le juge judiciaire est compétent, à certaines conditions, pour statuer sur une demande de réparation du préjudice écologique causé par une activité autorisée (AMM) par l’administration (Cour de cassation, 13 novembre 2025, n°500 FS-B)
En cette année du vingtième anniversaire de la Charte de l'environnement, la Cour de cassation vient, pour la deuxième fois (cf. notre commentaire) d'en faire application. Mais d'une manière qui peut apparaître surprenante. Par un arrêt rendu ce 13 novembre 2025, la...
Dérogation espèces protégées : l’illégalité de l’autorisation d’exploiter une activité industrielle peut démontrer l’existence d’un « risque suffisamment caractérisé » imposant au préfet d’enjoindre au porteur de projet de déposer une demande de « dérogation espèces protégées » (TA Guyane, 11 décembre 2025, Association Guyane Nature Environnement, n°2201889)
Par un jugement n°2201889 rendu ce 11 decembre 2025, le tribunal administratif de la Guyane a annulé, à la demande de l'association Guyane Nature Environnement, d'une part une autorisation d'exploiter une mine d'aurifère, d'autre part le refus du préfet d'ejoindre au...
Dermatose nodulaire : Arnaud Gossement invité de l’émission « Sur le terrain » sur France info TV
Ce lundi 15 décembre 2025, Arnaud Gossement était l'un des invités de l'émission "Sur le terrain" présentée par Loïc de la Mornais sur France Info TV et consacrée à la colère des agriculteurs confrontés à l'épidémie de Dermatose nodulaire contagieuse (DNC). L'émission...
[Conférence] 10 décembre 2025 : grande conférence sur l’avenir de l’énergie solaire, au salon Energaïa, organisée par Tecsol
Arnaud Gossement est l'un des intervenants de la grande conférence sur l'énergie solaire qu'organise Tecsol au salon Energaia, ce mercredi 10 décembre, de 15h30 à 16h30. Nous remercions André Joffre (président), Alexandra Batlle (secrétaire générale de Tecsol) et...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.






![[Conférence] 10 décembre 2025 : grande conférence sur l’avenir de l’énergie solaire, au salon Energaïa, organisée par Tecsol](https://www.gossement-avocats.com/wp-content/uploads/2024/04/solaire-adobe.jpeg)