En bref
[Soirée débat] 9 décembre 2025 – « Désinformation climatique : le rôle du droit face au brouillage du réel »
Un maire peut refuser le permis de construire d’un poulailler industriel en raison du manque d’eau, en tenant compte du changement climatique (jurisprudence cabinet)
[webinaire] 21 novembre 2025 : « Etat de droit et Environnement : le Conseil constitutionnel face aux reculs environnementaux » (La Fabrique écologique)
[colloque] 17 octobre 2025 : intervention d’Arnaud Gossement à la IXème édition des Journées Cambacérès sur « Justice et Environnement » organisées par la Cour d’appel et la Faculté de droit de Montpellier
COP 21 : les points clés de la nouvelle version du projet d’Accord de Paris
Au 4ème jour de la COP 21, le secrétariat de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques vient de publier une nouvelle version du projet d’Accord de Paris. A sa lecture, il apparaît que les négociations sur les points clés de cet accord n’ont pas progressé depuis l’ouverture de la Conférence.
Pour mémoire, l’analyse de la première version du projet d’Accord (draft agreement et draft decision) est disponible ici.
Un consensus qui peine à se dessiner
Pour l’heure, aucun objectif, aucune mesure n’est encore consensuel. Les articles comportent presque tous des phrases entre crochets et des options, parfois nombreuses qui peuvent faire varier considérablement le sens et la portée du texte. Des articles entiers comme l’article 5 (Pertes et dommages) peuvent encore disparaître du texte. Le risque d’une convergence vers le plus petit dénominateur commun est réel.
De articles suivants, portant sur des points clés de l’Accord, ne font, à ce stade, l’objet d’aucun ou de presque aucun consensus.
– article 2 bis (INDC) : le mécanisme de présentation et de révision des contributions nationales volontaires de réduction des émissions de gaz à effet de serre, pourtant au cœur du projet d’accord, ne fait encore l’objet que de phrases entre crochets et d’options.
– article 5 (Loss and Damage) : l’article consacré au mécanisme Pertes et Dommages fait encore l’objet d’une option II qui en propose la suppression
– article 6 (finance) : les trois pages de texte relatifs au financement sont composées de phrases entre crochets et d’options. Le point 10 relatif à l’objectif (très flou) de mobilisation d’une enveloppe globale de 100 milliard de dollars d’ici à 2020 est encore non consensuel.
– la rédaction des articles 9 à 11 qui doivent permettre de donner un caractère contraignant à l’accord n’a pas progressé. Aucun choix clair n’est encore fait.
Parmi les articles du projet d’Accord portant sur des points clés, seul l’article 12 relatif à la future Conférence des Parties à l’Accord de Paris est dépourvu de phrases entre crochets et d’options.
L’objectif du projet d’Accord : 1,5°C ou 2°C ?
La rédaction de l’article 2 du projet de « draft agreement » a peu progressé. Il prévoit de contenir l’élévation de la température moyenne du globe en dessous de 2°C ou de 1,5°C. Il est très peu probable que l’objectif 1,5°C soit retenu. Le deuxième paragraphe relatif aux principes et engagements qui doivent permettre d’atteindre cet objectif est entièrement entre crochets (non consensuel)
Le prix du carbone
Plusieurs responsables politiques ont pu déclarer, à raison, qu’il est essentiel que le projet d’accord de Paris fasse état de l’objectif consistant à donner une valeur économique au carbone. Pourtant cette nouvelle version démontre qu’aucun progrés n’a été accompli sur ce point clé. Seul le dernier considérant de l’introduction du draft agreement continue de préciser : [« Acknowledging that putting a price on carbon is an important approach for the cost-effectiveness of the cuts in global greenhouse gas emissions,] Il s’agit de considérations trés générales qui, en outre, sont entre crochets.
L’absence des économies d’énergie et des énergies renouvelables
Le projet d’Accord (draft agreement) ne fait aucune mention, ni de l’objectif d’économies d’énergie, ni de l’objectif de développement des énergies renouvelables. De manière étrange, la transition énergétique paraît absente de ce texte. A la place, le projet de texte comporte des références floues type « bas carbone » ou « neutre en carbone » qui n’ont pas de définition juridique précise.
Un accord pour continuer après Paris
L’article 12 du projet d’Accord est l’un des rares articles à ne plus sur la Conférence des Parties à l’Accord de Paris. Cet article prévoit la création d’une nouvelle « Conférence des Parties » à l’Accord de Paris. Il faudrait alors distinguer la Conférence des Parties à la Convention cadre sur les changements climatiques de 1992 (COP), la Conférence des Paris siégeant en tant que réunion des Parties au Protocole de Kyoto (CMP) et la Conférence des Parties à l’Accord de Paris qui pourrait se réunir à partir de 2020. Il convient de souligner que l’accord des Parties représentées à Paris pour créer cette CMA ne suffit pas. Des processus de validation et de ratification doit être mené pour qu’un nombre suffisant de Parties signent et ratifient l’accord.
Conclusion
Pour l’heure, à la lecture de cette nouvelle version du projet d’Accord quatre jours après l’ouverture de la COP21, les négociations font du surplace. Certes, il reste encore plusieurs jours et certains acteurs de ses négociateurs n’accepteront de faire des compromis qu’à la fin. Toutefois, cette nouvelle version du projet d’Accord demeure très faible. Il faut désormais attendre samedi midi pour savoir si les négociateurs ont pu progresser. S’ouvrira alors le segment ministériel, plus politique.
Les risques suivants ne sont pas encore écartés : une COP 21 qui aboutit à la création d’une CMA réunissant certains Etats mais pas tous ou bien encore un accord présenté comme un paquet d’accords et de déclarations sans valeur juridique.
La COP 21 doit s’achever le 11 décembre, même si un ou deux jours de négociations supplémentaires sont prévisibles.
Arnaud Gossement
Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
Dérogation espèces protégées : l’administration n’est pas tenue de vérifier la fiabilité d’un dispositif anticollision prescrit par le juge administratif ou d’exiger le dépôt d’une demande de dérogation (Conseil d’Etat, 22 décembre 2025, n°497091 et 492940)
Par deux décisions rendues ce 22 décembre 2025, le Conseil d'Etat a apporté d'importantes précisions relatives à la procédure d'autorisation de déroger à l'interdiction de destruction d'espèces protégées. En premier lieu, la Haute juridiction administrative a jugé que...
Dérogation espèces protégées : le préfet doit mettre en demeure, à tout moment, l’exploitant d’une ICPE de régulariser sa situation (CE, 16 décembre 2025, n°494931)
Par une décision n°494931 rendue ce 16 décembre 2025, le Conseil d'Etat a jugé que le préfet doit mettre en demeure l'exploitant d'une installation classée (ici un parc éolien) de déposer une demande de dérogation espèces protégées lorsque les conditions sont réunies....
Charte de l’environnement : le juge judiciaire est compétent, à certaines conditions, pour statuer sur une demande de réparation du préjudice écologique causé par une activité autorisée (AMM) par l’administration (Cour de cassation, 13 novembre 2025, n°500 FS-B)
En cette année du vingtième anniversaire de la Charte de l'environnement, la Cour de cassation vient, pour la deuxième fois (cf. notre commentaire) d'en faire application. Mais d'une manière qui peut apparaître surprenante. Par un arrêt rendu ce 13 novembre 2025, la...
Dérogation espèces protégées : l’illégalité de l’autorisation d’exploiter une activité industrielle peut démontrer l’existence d’un « risque suffisamment caractérisé » imposant au préfet d’enjoindre au porteur de projet de déposer une demande de « dérogation espèces protégées » (TA Guyane, 11 décembre 2025, Association Guyane Nature Environnement, n°2201889)
Par un jugement n°2201889 rendu ce 11 decembre 2025, le tribunal administratif de la Guyane a annulé, à la demande de l'association Guyane Nature Environnement, d'une part une autorisation d'exploiter une mine d'aurifère, d'autre part le refus du préfet d'ejoindre au...
Dermatose nodulaire : Arnaud Gossement invité de l’émission « Sur le terrain » sur France info TV
Ce lundi 15 décembre 2025, Arnaud Gossement était l'un des invités de l'émission "Sur le terrain" présentée par Loïc de la Mornais sur France Info TV et consacrée à la colère des agriculteurs confrontés à l'épidémie de Dermatose nodulaire contagieuse (DNC). L'émission...
[Conférence] 10 décembre 2025 : grande conférence sur l’avenir de l’énergie solaire, au salon Energaïa, organisée par Tecsol
Arnaud Gossement est l'un des intervenants de la grande conférence sur l'énergie solaire qu'organise Tecsol au salon Energaia, ce mercredi 10 décembre, de 15h30 à 16h30. Nous remercions André Joffre (président), Alexandra Batlle (secrétaire générale de Tecsol) et...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.






![[Conférence] 10 décembre 2025 : grande conférence sur l’avenir de l’énergie solaire, au salon Energaïa, organisée par Tecsol](https://www.gossement-avocats.com/wp-content/uploads/2024/04/solaire-adobe.jpeg)