En bref
[Soirée débat] 9 décembre 2025 – « Désinformation climatique : le rôle du droit face au brouillage du réel »
Un maire peut refuser le permis de construire d’un poulailler industriel en raison du manque d’eau, en tenant compte du changement climatique (jurisprudence cabinet)
[webinaire] 21 novembre 2025 : « Etat de droit et Environnement : le Conseil constitutionnel face aux reculs environnementaux » (La Fabrique écologique)
[colloque] 17 octobre 2025 : intervention d’Arnaud Gossement à la IXème édition des Journées Cambacérès sur « Justice et Environnement » organisées par la Cour d’appel et la Faculté de droit de Montpellier
Déchets : un mandataire ne peut être subrogé dans les obligations des producteurs soumis à la responsabilité élargie du producteur (Conseil d’Etat, 10 novembre 2023, n°449213)
Par une décision du 10 novembre 2023 n°449213, le Conseil d’Etat a annulé le décret n°2020-1455 du 27 novembre 2020 portant réforme de la responsabilité élargie des producteurs en tant qu’il introduit l’article R. 541-174 dans le code de l’environnement. Commentaire.
Pour mémoire, l’article R. 541-174 du code de l’environnement – en vigueur depuis le 1er janvier 2021 – prévoit que tout producteur de produits, indépendamment de son lieu d’établissement, peut désigner un mandataire établi en France afin que ce dernier assure, au nom et pour le compte du producteur, le respect de ses obligations relatives au régime de responsabilité élargie des producteurs. Il est précisé que ce mandataire est subrogé dans toutes les obligations de responsabilité élargie du producteur dont il accepte le mandat.
En pratique, les mandataires accomplissent les obligations relatives au régime de responsabilité élargie des producteurs en adhérant, au nom et pour le compte des producteurs mandants, à un éco-organisme.
Au cas présent, l’éco-organisme agréé notamment au titre des déchets diffus spécifiques ménagers au sein de la filière des produits chimiques pouvant présenter un risque significatif pour la santé et l’environnement – la société EcoDDS – demande l’annulation du décret du 27 novembre 2020 en tant qu’il introduit ou modifie un certain nombre d’articles dans le code de l’environnement.
Remise en cause de la « subrogation » du mandataire dans les obligations de responsabilité élargie du producteur
Le Conseil d’Etat juge, par sa décision du 10 novembre 2023, que le pouvoir réglementaire a excédé sa compétence en prévoyant que le mandataire est subrogé dans toutes les obligations du producteur dont il a accepté le mandat. Le Conseil d’Etat fonde sa décision sur le fait que ni l’article L. 541-10 du code de l’environnement, ni aucune autre disposition législative n’indique explicitement qu’une subrogation serait possible.
Il ressort, en effet, de l’article 8 bis de la directive n°2008/98/CE du 19 novembre 2008 relative aux déchets que chaque Etat membre autorise les producteurs de produits établis dans un autre Etat membre qui commercialisent des produits sur son territoire à désigner une personne physique ou morale établie sur son territoire en tant que mandataire chargé d’assurer le respect des obligations relatives au régime de responsabilité élargie des producteurs. Si le législateur européen a prévu la possibilité pour les producteurs étrangers de recourir à un mandataire, il est intéressant de relever que le pouvoir réglementaire français a également autorisé les producteurs français à confier la réalisation de leurs obligations REP à un mandataire établi en France.
Le droit de l’Union européenne n’a pas prévu de mécanisme de « subrogation » – qui impliquerait, au sens du code civil, une substitution du mandataire dans les obligations du producteur mandant –. Par l’octroi d’un mandat, le producteur de produits confie l’accomplissement de ses obligations en matière de responsabilité élargie des producteurs à un tiers mais reste toutefois tenu de répondre du bon accomplissement de ces obligations vis-à-vis de l’administration.
Le Conseil d’Etat a donc jugé que la société EcoDDS est fondée à solliciter l’annulation du décret n°2020-1455 en ce qu’il introduit l’article R. 541-174 dans le code de l’environnement, sans différer les effets de cette annulation.
Le pouvoir réglementaire devrait publier un nouvel article permettant a minima aux producteurs étrangers de désigner un mandataire établi en France afin de se conformer aux dispositions de l’article 8 bis de la directive 2008/98.
Alexia Thomas
Avocate – Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
Dermatose nodulaire : Arnaud Gossement invité de l’émission « Sur le terrain » sur France info TV
Ce lundi 15 décembre 2025, Arnaud Gossement était l'un des invités de l'émission "Sur le terrain" présentée par Loïc de la Mornais sur France Info TV et consacrée à la colère des agriculteurs confrontés à l'épidémie de Dermatose nodulaire contagieuse (DNC). L'émission...
[Conférence] 10 décembre 2025 : grande conférence sur l’avenir de l’énergie solaire, au salon Energaïa, organisée par Tecsol
Arnaud Gossement est l'un des intervenants de la grande conférence sur l'énergie solaire qu'organise Tecsol au salon Energaia, ce mercredi 10 décembre, de 15h30 à 16h30. Nous remercions André Joffre (président), Alexandra Batlle (secrétaire générale de Tecsol) et...
Communication responsable : l’Agence de la transition écologique (ADEME) publie l’édition 2025 de son « Guide anti-greenwashing »
L'Agence de la transition écologique (ADEME) a publié, ce 3 décembre 2025, sa nouvelle édition du "Guide anti-greenwashing". A jour des dernières évolutions du droit de l'Union et interne sur les allégations environnementales, ce guide, très complet et utile,...
Urbanisme : le maire peut refuser un permis de construire en raison de l’insuffisance de la ressource en eau (Conseil d’Etat, 1er décembre 2025, n°493556)
Par une décision n°493556 rendue ce 1er décembre 2025, le Conseil d'État a jugé que le maire de de la commune de Fayence avait légalement pu rejeter une demande de permis de construire des logements au motif d'une insuffisance de la ressource en eau, et ce, sur le...
Dérogation espèces protégées : qu’est ce qu’une « solution alternative satisfaisante » ? (Conseil d’Etat, 21 novembre 2025, Association Bien vivre à Replonges, n°495622)
Par une décision n°495622 rendue ce 21 novembre 2025, le Conseil d'Etat a apporté de substantielles précisions quant au contenu de l'une des conditions de délivrance de la "dérogation espèces protégées" : l'absence de solution alternative satisfaisante. Cette...
[Soirée débat] 9 décembre 2025 – « Désinformation climatique : le rôle du droit face au brouillage du réel »
Les Surligneurs et QuotaClimat vous donnent rendez-vous mardi 9 décembre à 19h pour un débat essentiel autour de la désinformation climatique 🌍 À l’été 2025, les cas de mésinformation sur le climat dans les médias audiovisuels ont explosé. On y dénombre, déjà 529 cas...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.


![[Conférence] 10 décembre 2025 : grande conférence sur l’avenir de l’énergie solaire, au salon Energaïa, organisée par Tecsol](https://www.gossement-avocats.com/wp-content/uploads/2024/04/solaire-adobe.jpeg)



![[Soirée débat] 9 décembre 2025 – « Désinformation climatique : le rôle du droit face au brouillage du réel »](https://www.gossement-avocats.com/wp-content/uploads/2025/11/1764000405758-400x250.jpg)