En bref
Certificats d’économie d’énergie : Publication au JO de ce jour de l’arrêté du 18 novembre 2024 modifiant plusieurs textes règlementaires relatifs aux opérations standardisées d’économie d’énergie
[webinaire] 21 novembre 2024 – Autorisation environnementale
Produits chimiques : agrément d’un nouvel éco-organisme
Solarisation des parkings : publication du décret d’application de l’article 40 de la loi APER
Urbanisme : les images prises par satellite et publiées sur Internet peuvent être utilisées dans le cadre de contrôles d’infractions d’urbanisme (Réponse ministérielle)
En réponse à une question parlementaire n° 03005 de Monsieur Jean-Louis Masson (sénateur de la Moselle), le Ministère de l’intérieur s’est exprimé sur l’utilisation d’images prises par satellite et qui circulent librement sur Internet, dans le cadre de contrôles d’infractions d’urbanisme.
En premier lieu, il convient de rappeler que le droit pénal français est fondé sur le principe de liberté dans l’établissement de la preuve. L’article 427 du code de procédure pénale précise en effet que les infractions peuvent être établies par tout mode de preuve :
« Hors les cas où la loi en dispose autrement, les infractions peuvent être établies par tout mode de preuve et le juge décide d’après son intime conviction.
Le juge ne peut fonder sa décision que sur des preuves qui lui sont apportées au cours des débats et contradictoirement discutées devant lui.«
Ce principe de liberté de la preuve en matière pénale est admis, à condition de respecter les principes de loyauté et de licéité de la preuve.
En deuxième lieu, il résulte de ces principes qu’une preuve ne doit pas avoir été recueillie par la police judiciaire dans des circonstances constitutives d’une infraction ou au mépris du respect des principes généraux du droit parmi lesquels figure le respect de la vie privée. Dès lors, la preuve recueillie au moyen d’un drone actionné par des policiers pour survoler une propriété privée constitue une ingérence excessive dans la vie privée et n’est donc pas admise.
Sur ce point, il convient de se référer à la question écrite n°01425 du sénateur Jean-Louis Masson au terme de laquelle le Ministère de la cohésion des territoires s’est exprimé au sujet de l’utilisation par une commune d’un drone pour procéder à des contrôles de propriétés privées (infractions aux règles d’urbanisme, non-déclaration de création de piscines notamment).
Dans sa réponse publiée dans le JO Sénat du 11 janvier 2018, le Ministère a précisé :
– D’une part que la réglementation relative aux drones s’impose à tout utilisateur, y compris en milieu urbain, et ce, même pour le compte d’une collectivité locale.
– D’autre part que « la captation d’images par la voie des airs au moyen d’un drone survolant une propriété privée peut être considérée comme une ingérence dans la vie privée ».
Ainsi, le constat d’une infraction sur une propriété privée à l’aide d’un drone peut être considéré comme illicite dès lors que la zone contrôlée est inaccessible aux regards.
En dernier lieu, le Ministère de l’intérieur s’est récemment exprimé sur l’utilisation d’images prises par satellite, dans le cadre de contrôles d’infractions d’urbanisme.
Dans sa réponse publiée dans le JO Sénat du 5 mars 2020, le Ministère a précisé que les principes de loyauté et de licéité de la preuve ne font pas obstacle à ce qu’une preuve soit recueillie au moyen d’images prises par satellite publiées en accès libre sur Internet, par des sites tels que Google maps.
Sur ce point, il est en effet indiqué que le recueil d’images par des entités privées (ex : Google maps) peut constituer un traitement de données à caractère personnel, au sens de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, dès lors qu’il comporte des données à caractère personnel. Ce traitement de données à caractère personnel n’est alors licite que si la personne concernée dispose du droit de s’opposer, pour des motifs légitimes (ex : droit au respect de la vie privée), à ce que les données à caractère personnel la concernant fassent l’objet d’un traitement.
Cependant, les juridictions procèdent à la conciliation entre droit au respect de la vie privée et droit à la communication et l’information du public, ce qui les conduit à estimer que le propriétaire d’une habitation ne peut s’opposer à la reproduction de l’image de son bien qu’à la condition que l’exploitation de la photographie porte un trouble certain à son droit d’usage ou de jouissance.
Par ailleurs, s’agissant de l’utilisation des images prises par satellite comme moyen de preuve, il est précisé que ces données ne sont pas recueillies par des officiers de police judiciaire mais par des tiers, et que ces données sont publiquement disponibles.
Or, selon la jurisprudence un document constituant une pièce à conviction qui ne résulte d’aucune intervention, directe ou indirecte, d’une autorité publique, ne peut être annulé et ce, quand bien même il aurait été obtenu de manière illicite ou déloyale.
En résumé, contrairement aux images d’une zone inaccessible aux regards obtenues à l’aide d’un drone, les images prises par satellite publiées en accès libre sur Internet sont licites et peuvent être utilisées dans le cadre des contrôles d’infractions d’urbanisme. Il appartient seulement au juge d’en apprécier la valeur probante.
Laura Picavez
Avocate – Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
Autorisation environnementale : les exigences du site internet dédié à la consultation publique sont précisées par arrêté
La ministre de la transition écologique a publié, au journal officiel du 27 novembre 2024, l'arrêté du 18 novembre 2024 relatif aux caractéristiques techniques du site internet prévu à l'article R. 181-36 du code de l'environnement. Cet arrêté très important définit...
Dérogation espèces protégées : nouvelle possibilité de refus de régularisation de l’autorisation environnementale par le juge administratif (Conseil d’Etat, 6 novembre 2024, n°477317)
Par une décision n°477317 du 6 novembre 2024, le Conseil d’Etat a précisé que le juge administratif peut refuser d’engager une procédure de régularisation d’une autorisation environnementale - délivrée pour l’exploitation d’une installation classée pour la protection...
Autorisation environnementale : précisions sur la régularisation de l’autorisation dans le cadre d’un sursis à statuer (CE, 18 novembre 2024, n°474372 mentionnée aux Tables)
Par un récent arrêt du 18 novembre 2024, n°474372, le Conseil d’Etat a apporté plusieurs précisions importantes en ce qui concerne la régularisation du ou des vices entachant d’illégalité une autorisation environnementale, à la suite d’un sursis à statuer prononcé par...
Agrivoltaïsme : dépôt d’une proposition de loi tendant à créer un bail rural à clauses agrivoltaïques
Une proposition de loi tendant à créer un bail rural à clauses agrivoltaïques vient d'être déposée au Sénat. L'objectif des parlementaires qui en sont les auteurs est d'accompagner et favoriser le développement de l'agrivoltaïsme. Présentation. La loi du 10 mars 2024...
[Communiqué] Energie renouvelable : le cabinet obtient le rejet du recours contre un permis de construire d’une unité de production de biogaz par méthanisation (Tribunal administratif de Caen, 9 octobre 2024, n°2200096)
Par un jugement n°2200096 du 9 octobre 2024, le tribunal administratif de Caen a rejeté le recours formé à l'encontre du permis de construire, obtenu par la société La Goyère, cliente du cabinet, pour la réalisation d'une unité production de biogaz par méthanisation....
[Communiqué] Biodiversité : l’association One Voice, défendue par Gossement Avocats, obtient en justice l’annulation et la suspension de plusieurs autorisations de chasse d’oiseaux dans les Alpes de Haute-Provence, les Hautes-Alpes et en Isère
Le tribunal administratif de Marseille a, par deux jugements du 19 septembre 2024, annulé les arrêtés préfectoraux de chasse du Tétras-lyre et de la Perdrix bartavelle dans les Alpes de Haute-Provence et les Hautes-Alpes. La juge des référés du tribunal administratif...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.