En bref
Certificats d’économies d’énergie (CEE) : arrêté du 7 avril 2025 modifiant l’arrêté du 4 septembre 2014
Modification de l’arrêté tarifaire S21 : refonte majeure actée et à venir des conditions d’achat pour les installations sur toiture et ombrière inférieure ou égale à 500 kWc
Code minier : publication de l’arrêté du 3 avril 2025 soumettant les décisions d’octroi, d’extension ou de prolongation des concessions et permis exclusifs de recherches (PER) à évaluation environnementale
Déforestation importée : consultation publique sur un projet de règlement modifiant le règlement 2023/1115 (RDUE)
Urbanisme : le lien fonctionnel permettant à deux constructions séparées de former un ensemble immobilier unique dépend des considérations d’ordre technique ou économique mais également des règles d’urbanisme (Conseil d’Etat)
Par arrêt du 28 décembre 2018 n°413955, le Conseil d’Etat a jugé qu’afin d’apprécier le lien fonctionnel entre deux constructions distinctes, impliquant la délivrance d’un permis de construire unique, des considérations techniques, économiques mais surtout, les règles d’urbanisme applicables devaient être prises en compte.
Résumé
Un ensemble immobilier unique nécessite un permis de construire unique. Pour savoir si un tel ensemble immobilier est caractérisé, le juge administratif doit vérifier l’existence d’un lien fonctionnel entre les constructions concernées. Ce lien fonctionnel s’apprécie :
– En premier lieu, au regard des considérations d’ordre technique ou économique ;
– En second lieu – et c’est l’apport de l’arrêt commenté – au regard des règles d’urbanisme.
Commentaire
En l’espèce, le maire de la commune d’A. a délivré d’une part, un permis de construire et un permis de construire modificatif les 15 octobre 2015 et 25 juillet 2016 à la société X. pour la construction d’un projet comprenant un bâtiment collectif et deux villas ; d’autre part, un permis de construire et un permis de construire modificatif les 4 décembre 2015 et 25 juillet 2015, aux consorts Z. pour un projet portant démolition partielle d’un bâtiment, construction d’un bâtiment collectif et construction d’une villa.
Les consorts A. ont saisi le Tribunal administratif de Pau afin d’obtenir l’annulation pour excès de pouvoir de ces autorisations.
Par jugement du 7 juillet 2017, le Tribunal administratif de Pau, après avoir joint les requêtes, a fait droit à leurs demandes. Par la suite, la société X. a formé un pourvoi devant le Conseil d’Etat afin d’obtenir l’annulation de ce jugement.
Deux moyens ont été soutenus par les requérants.
– les permis de construire auraient été délivrés en méconnaissance de l’article R. 431-16 du code de l’urbanisme aux termes duquel, un permis de construire nécessite notamment une attestation thermique.
– les permis de construire auraient été délivrés en méconnaissance de l’article L. 421-6 du code de l’urbanisme exigeant une autorisation unique au regard des caractéristiques des projets en cause.
Le Conseil d’Etat a annulé le jugement ayant accueilli ces deux moyens.
En premier lieu, la haute juridiction considère que les juges de 1ère instance ont entaché leur jugement de dénaturation au vu de l’ensemble des pièces qui leur ont été soumises.
En l’espèce, ces derniers ont retenu que les dossiers de demande de permis de construire étaient incomplets du fait de l’absence de tampon indiquant que les attestations thermiques étaient annexées aux demandes. Aussi, l’article R. 431-16 aurait été méconnu.
En second lieu, le Conseil d’Etat s’est prononcé sur la nécessité du permis de construire unique pour les projets querellés.
Pour mémoire, l’article L. 421-6 du code de l’urbanisme dispose que :
« Le permis de construire ou d’aménager ne peut être accordé que si les travaux projetés sont conformes aux dispositions législatives et réglementaires relatives à l’utilisation des sols, à l’implantation, la destination, la nature, l’architecture, les dimensions, l’assainissement des constructions et à l’aménagement de leurs abords et s’ils ne sont pas incompatibles avec une déclaration d’utilité publique.[…] «
De première part, le Conseil d’Etat rappelle l’apport de l’arrêt en date du 17 juillet 2009, n°301615, » Commune de Grenoble « , selon lequel, une construction constituée de plusieurs éléments formant, en raison des liens physiques ou fonctionnels entre eux, un ensemble immobilier unique, doit, en principe, faire l’objet d’un seul permis de construire.
Toutefois, lorsque l’ampleur et la complexité du projet le justifient, notamment en cas d’intervention de plusieurs maîtres d’ouvrage, les éléments de la construction ayant une vocation fonctionnelle autonome peuvent faire l’objet de permis distincts, sous réserve que l’autorité administrative ait vérifié, par une appréciation globale, que le respect des règles et la protection des intérêts généraux que garantirait un permis unique sont assurés par l’ensemble des permis délivrés.
De deuxième part, le Conseil d’Etat apporte une précision quant aux modalités d’appréciation d’un ensemble unique. Ainsi :
« Lorsque deux constructions sont distinctes, la seule circonstance que l’une ne pourrait fonctionner ou être exploitée sans l’autre, au regard de considérations d’ordre technique ou économique et non au regard des règles d’urbanisme, ne suffit pas à caractériser un ensemble immobilier unique. «
Autrement dit, le lien fonctionnel permettant à deux constructions, tout en étant séparées, de former un ensemble unique dépend des éléments techniques et économiques du projet, mais également des règles d’urbanisme applicables.
En l’espèce, le Tribunal administratif a considéré que le projet querellé constituait un ensemble immobilier unique en se fondant exclusivement sur des éléments techniques.
En effet, ont été pris en considération, des éléments tels que la même voie d’entrée et de circulation interne, la même rampe d’accès aux parcs de stationnement respectifs, ou encore le partage des mêmes réseaux d’eau.
Par voie de conséquence, le Tribunal administratif a entaché son jugement d’une erreur de droit.
Le Conseil d’Etat a annulé le jugement.
Isabelle Michel
Juriste – Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
2 mai 2025 : conférence d’Arnaud Gossement à l’université de Lille sur « L’effet non-suspensif des recours en contentieux administratif, à l’aune de l’affaire de l’autoroute A69 »
Le vendredi 2 mai 2025 à 14h, Me Arnaud Gossement donnera, à l'université de Lille, une conférence intitulée : "Retour sur l'affaire de l'autoroute A69, l'effet non-suspensif de recours en contentieux administratif". Cette conférence sera animée par M. Pierre-Yves...
« Ne boudons pas les bonnes nouvelles » : nouvelle chronique d’Arnaud Gossement pour le journal La Croix
Arnaud Gossement est l’un des quatre experts membres du comité écologie du journal La Croix. Un comité mis en place pour accompagner la rédaction dans sa volonté de mieux traiter l’actualité des enjeux environnementaux. Dans ce cadre, Arnaud Gossement a publié ici une...
Transition énergétique : le Premier ministre confirme un changement de forme et de fond pour la prochaine feuille de route énergétique, qui sera adoptée par une loi
Ce lundi 28 avril 2025, à l'Assemblée nationale, le Premier ministre a procédé à une "déclaration sur la souveraineté énergétique de la France" qui a été suivie d'un débat sans vote, comme le prévoit l'article 50-1 de la Constitution. Un débat du même type sera...
Déchets – économie circulaire : une proposition de loi pour rendre visible l’éco-contribution sur les produits relevant du principe de la responsabilité élargie du producteur (REP)
Voici une mesure qui peut sembler technique mais qui est en réalité essentielle pour la protection de l'environnement et, plus précisément, pour la prévention et la gestion des déchets. Ce 17 avril 2025, M. Stéphane Delautrette et plusieurs autres députés du groupe...
Pollution de l’eau potable par les nitrates : la Commission européenne saisit la Cour de justice de l’Union européenne d’un recours contre la France (Affaire C-154/25)
Par un recours daté du 21 février 2025 et rendu public ce 22 avril 2025 (affaire C-154/25), la Commission européenne a demandé à la Cour de justice de l'Union européenne de constater que la France ne respecte toujours pas la directive (UE) 2020/2184 du Parlement...
Loup : article de Me Florian Ferjoux dans le « Journal du droit européen » sur la jurisprudence récente de la Cour de justice de l’Union européenne
Me Florian Ferjoux a procédé à une analyse des enjeux juridiques liés à la préservation du loup au regard de la directive Habitats dans son nouvel article intitulé : « Le loup : la protection des espèces dans la directive Habitats », publié au sein du Journal du droit...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.