En bref
[Soirée débat] 9 décembre 2025 – « Désinformation climatique : le rôle du droit face au brouillage du réel »
Un maire peut refuser le permis de construire d’un poulailler industriel en raison du manque d’eau, en tenant compte du changement climatique (jurisprudence cabinet)
[webinaire] 21 novembre 2025 : « Etat de droit et Environnement : le Conseil constitutionnel face aux reculs environnementaux » (La Fabrique écologique)
[colloque] 17 octobre 2025 : intervention d’Arnaud Gossement à la IXème édition des Journées Cambacérès sur « Justice et Environnement » organisées par la Cour d’appel et la Faculté de droit de Montpellier
ICPE : le préfet peut imposer à l’exploitant l’aménagement d’une route départementale (CAA Nantes)
Par un arrêt en date du 11 mai 2020 (n°17NT00084), la Cour administrative d’appel de Nantes a précisé l’étendue des mesures pouvant être imposées à un exploitant d’une installation classée. Elle a confirmé la possibilité pour le préfet de prescrire l’aménagement d’une route pour préserver la sécurité des usagers mise en cause par l’activité demandée, mais seulement s’il est certain que les travaux seront réalisés à brève échéance. A défaut, le préfet ne peut que refuser la demande d’autorisation.
Rappel des faits et de la procédure
L’autorité préfectorale avait pris une décision de refus d’autorisation d’exploiter une carrière sur le territoire d’une commune du département de la Mayenne. Ce refus a été contesté par le demandeur de l’autorisation devant le juge administratif.
Saisie du litige, la Cour administrative d’appel de Nantes devait trancher la question particulière selon laquelle le préfet peut-il ou non, et dans quelles conditions, prescrire à l’exploitant l’aménagement d’une route pour limiter l’impact son activité sur la circulation routière.
Cet arrêt apporte des précisions importantes sur l’étendue des prescriptions assortissant les autorisations d’exploiter une installation classée pour la protection de l’environnement.
Pour rappel, dans les cas où les installations classées peuvent être exploitées sans porter atteinte aux intérêts protégés par la loi, compte tenu des prescriptions techniques susceptibles d’être imposées, l’autorité préfectorale ne peut légalement refuser de délivrer l’autorisation d’exploiter sollicitée (Cf. Dispositions des articles L. 181-3 et L. 181-12 du code de l’environnement, anciennement dispositions de l’article L. 512-1 du code de l’environnement).
Au cas présent, le projet d’exploitation de la carrière en cause pouvait avoir pour effet un accroissement très important de la circulation routière, sur des infrastructures non adaptées, créant des dangers graves pour la sécurité publique. L’autorité préfectorale a alors décidé de refuser l’autorisation demandée, en particulier sur le fondement de cette atteinte générée par l’activité de la carrière.
Possibilité confirmée pour le préfet de prescrire à l’exploitant l’aménagement d’une route pour préserver les atteintes engendrées par son activité
La Cour a, dans un premier temps, retenu que l’arrêté d’autorisation pouvait comporter, en tant que prescription, celle relative à la réalisation de travaux publics d’une voie publique pour garantir la sécurité des usagers mise en cause par le projet demandé.
En outre, la cour administrative d’appel a considéré que :
« les dispositions de l’article L. 131-2 du code de la voirie routière, qui prévoient que les dépenses relatives à la construction, à l’aménagement et à l’entretien des routes départementales sont à la charge du département, et celles de l’article L. 3321-1 du code général des collectivités territoriales, en vertu desquelles les dépenses d’entretien et de construction de la voirie départementale » sont obligatoires pour le département « , ne font pas obstacle à ce que le département conclue avec l’exploitant d’une installation classée dont l’activité présentera de graves dangers pour la sécurité publique une convention mettant à la charge de celui-ci tout ou partie des frais de construction ou d’aménagement d’une route départementale afin de prévenir ces dangers ».
Le contenu des compétences du département sur les routes départementales ne fait pas obstacle à ce qu’un exploitant d’une installation classée, dont les activités portent atteinte à la sécurité d’une telle voie, prenne en charge les frais de construction ou d’aménagement de celle-ci.
Cependant, l’autorisation assortie d’une telle prescription relative à la réalisation de travaux publics ne peut être accordée par le préfet qu’à certaines conditions.
La Cour précise que les travaux prescrits doivent être susceptibles d’être réalisés à brève échéance, de façon suffisamment certaine, et ce avant la mise en service de la carrière.
En l’occurrence, elle a constaté que,
- d’une part, le département a indiqué qu’il n’entendait pas financer ces travaux, la cour rappelant qu’il n’y était au demeurant pas contraint ;
- d’autre part, l’exploitant a refusé de prendre financièrement en charge les frais d’aménagement de la route départementale.
Dans de telles circonstances, la Cour a estimé que le préfet ne pouvait délivrer l’autorisation demandée, même assortie d’une prescription sur des travaux de la voie publique.
L’arrêt illustre à la fois l’étendue des prescriptions pouvant assortir une autorisation d’exploiter une installation classée pour préserver les intérêts environnementaux et sanitaires, mais aussi leurs limites, qui peuvent être liées au refus de l’exploitant d’en assumer la charge financière.
Florian Ferjoux
Avocat- Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
Charte de l’environnement : le juge judiciaire est compétent, à certaines conditions, pour statuer sur une demande de réparation du préjudice écologique causé par une activité autorisée (AMM) par l’administration (Cour de cassation, 13 novembre 2025, n°500 FS-B)
En cette année du vingtième anniversaire de la Charte de l'environnement, la Cour de cassation vient, pour la deuxième fois (cf. notre commentaire) d'en faire application. Mais d'une manière qui peut apparaître surprenante. Par un arrêt rendu ce 13 novembre 2025, la...
Dérogation espèces protégées : l’illégalité de l’autorisation d’exploiter une activité industrielle peut démontrer l’existence d’un « risque suffisamment caractérisé » imposant au préfet d’enjoindre au porteur de projet de déposer une demande de « dérogation espèces protégées » (TA Guyane, 11 décembre 2025, Association Guyane Nature Environnement, n°2201889)
Par un jugement n°2201889 rendu ce 11 decembre 2025, le tribunal administratif de la Guyane a annulé, à la demande de l'association Guyane Nature Environnement, d'une part une autorisation d'exploiter une mine d'aurifère, d'autre part le refus du préfet d'ejoindre au...
Dermatose nodulaire : Arnaud Gossement invité de l’émission « Sur le terrain » sur France info TV
Ce lundi 15 décembre 2025, Arnaud Gossement était l'un des invités de l'émission "Sur le terrain" présentée par Loïc de la Mornais sur France Info TV et consacrée à la colère des agriculteurs confrontés à l'épidémie de Dermatose nodulaire contagieuse (DNC). L'émission...
[Conférence] 10 décembre 2025 : grande conférence sur l’avenir de l’énergie solaire, au salon Energaïa, organisée par Tecsol
Arnaud Gossement est l'un des intervenants de la grande conférence sur l'énergie solaire qu'organise Tecsol au salon Energaia, ce mercredi 10 décembre, de 15h30 à 16h30. Nous remercions André Joffre (président), Alexandra Batlle (secrétaire générale de Tecsol) et...
Communication responsable : l’Agence de la transition écologique (ADEME) publie l’édition 2025 de son « Guide anti-greenwashing »
L'Agence de la transition écologique (ADEME) a publié, ce 3 décembre 2025, sa nouvelle édition du "Guide anti-greenwashing". A jour des dernières évolutions du droit de l'Union et interne sur les allégations environnementales, ce guide, très complet et utile,...
Urbanisme : le maire peut refuser un permis de construire en raison de l’insuffisance de la ressource en eau (Conseil d’Etat, 1er décembre 2025, n°493556)
Par une décision n°493556 rendue ce 1er décembre 2025, le Conseil d'État a jugé que le maire de de la commune de Fayence avait légalement pu rejeter une demande de permis de construire des logements au motif d'une insuffisance de la ressource en eau, et ce, sur le...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.




![[Conférence] 10 décembre 2025 : grande conférence sur l’avenir de l’énergie solaire, au salon Energaïa, organisée par Tecsol](https://www.gossement-avocats.com/wp-content/uploads/2024/04/solaire-adobe.jpeg)

