En bref
Certificats d’économies d’énergie (CEE) : arrêté du 7 avril 2025 modifiant l’arrêté du 4 septembre 2014
Modification de l’arrêté tarifaire S21 : refonte majeure actée et à venir des conditions d’achat pour les installations sur toiture et ombrière inférieure ou égale à 500 kWc
Code minier : publication de l’arrêté du 3 avril 2025 soumettant les décisions d’octroi, d’extension ou de prolongation des concessions et permis exclusifs de recherches (PER) à évaluation environnementale
Déforestation importée : consultation publique sur un projet de règlement modifiant le règlement 2023/1115 (RDUE)
Nucléaire : le Sénat et le Gouvernement prévoient de supprimer l’objectif de réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité (projet de loi)
NB : la présente note est relative au projet de loi relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes dans sa rédaction telle qu’adoptée en par la commission des affaires économiques, le 11 janvier 2023. Le projet de loi doit désormais être examiné en séance publique puis à l’Assemblée nationale. Sa rédaction va donc évoluer.
Commentaire général
Le projet de loi était jusqu’à présent conçu comme un projet de loi « technique ». Il ne l’est plus. Et ce, depuis le 11 janvier 2023, date à laquelle la commission des affaires économiques a augmenté le projet du Gouvernement de plusieurs dispositions placées en tête du texte et destinées à modifier plusieurs objectifs de la politique énergétique nationale. Une modification proposée alors que le débat public relatif à ces objectifs est encore en cours. Il ne s’agit donc plus d’un projet de loi « technique » mais d’un projet de loi « politique » selon les termes du communiqué de presse de la commission des affaires économiques du Sénat.
Ce projet de loi, s’il était adopté en l’état, serait à l’origine d’un changement important de notre politique énergétique nationale et de la trajectoire qui était celle de l’Etat depuis la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Trajectoire fondée sur une réduction de la part du nucléaire et une augmentation, d’une part des économies d’énergie, d’autre part de la production d’énergies renouvelables. Désormais, la commission des affaires économiques du Sénat propose d’augmenter la part du nucléaire, de renoncer à l’objectif de diversification de la production d’électricité et d’assurer la « décarbonation » notre production et consommation d’énergie. Certes, cet objectif était déjà présent dans le propos – discours de Belfort – du président de la République, mais ne l’était pas encore véritablement et aussi clairement en droit de l’environnement et en droit de l’énergie.
La suppression de l’objectif de réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité. Pour mémoire, l’article 187 de la loi n°2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte dispose que l’un des objectifs de la politique énergétique, définis à l’article L.100-4 du code de l’énergie est le suivant :
« 5° De réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2035 ;«
L’article 1er A du projet de loi adopté en commission au Sénat supprime cet objectif.
Le 16 janvier 2023, le Gouvernement a déposé un amendement n°118 qui propose à son tour de supprimer cet objectif de réduction de la part du nucléaire. Toutefois, le Gouvernement défend une méthode de suppression différente. Alors que le Sénat souhaite abroger purement et simplement ce 5° du I de l’article L.100-4 du code de l’énergie, le Gouvernement propose d’en changer la rédaction. Ainsi la nouvelle rédaction du 5° du I de l’article L.100-4 du code de l’énergie serait la suivante, en cas d’adoption de l’amendement du Gouvernement :
« 5° De diversifier le mix électrique en visant un meilleur équilibre entre le nucléaire et les énergies renouvelables, selon des modalités fixées en application de l’article L. 100-1 A ;«
Pour rappel, l’article L.100-1 A du code de l’énergie est relatif à la future loi de programmation pluriannuelle de l’énergie.
La suppression du plafond de capacité totale autorisée à 63,2 gigawatts. L’article 187 de la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte a fixé à 63,2 gigawatts le seuil de capacité totale autorisation de production autorisée d’origine nucléaire. Aucune aucune autorisation d’exploiter (au titre de l’article L.311-1 du code de l’énergie) ayant pour effet de modifier ce seuil ne peut être délivrée par l’autorité administrative. L’article L.311-5-5 du code de l’énergie dispose aujourd’hui :
« L’autorisation mentionnée à l’article L.311-1 ne peut être délivrée lorsqu’elle aurait pour effet de porter la capacité totale autorisée de production d’électricité d’origine nucléaire au-delà de 63,2 gigawatts.
L’autorité administrative, pour apprécier la capacité totale autorisée, prend en compte les abrogations prononcées par décret à la demande du titulaire d’une autorisation, y compris si celle-ci résulte de l’application du second alinéa de l’article L.311-6.«
L’article 1er A (alinéa 6) du projet de loi adopté en commission au Séant supprime cet article L.311-5-5 du code de l’énergie.
Par un amendement n°118 déposé le 16 janvier 2023, le Gouvernement a proposé de supprimer les alinéas 2 à 5 de l’article 1er A mais pas l’alinéa 6, lequel est donc conservé. Ainsi, avec l’accord du Gouvernement, les sénateurs seront saisis en séance du texte de la commission qui prévoit toujours de supprimer cet article L.311-5-5 du code de l’énergie.
5° ter De décarboner le mix électrique, à hauteur de 100 %, ainsi que le mix énergétique, à hauteur de 50 %, à l’horizon 2030 ;
5° quater De recourir à une part de matières recyclées dans la production d’électricité d’origine nucléaire, à hauteur de 20 % à l’horizon 2030; «
Chaque loi prévue au premier alinéa du présent I précise :
(..) 4° Les objectifs de
La mise en conformité de la programmation pluriannuelle de l’énergie. A l’origine ce projet de loi devait constituer un texte « technique ». Si la version de la commission des affaires économiques du Sénat est conservée dans la suite des débats parlementaires, il sera indispensable de modifier l’actuelle programmation pluriannuelle de l’énergie. Ce que prévoit l’article 1er A nouveau du projet de loi :
« 2° Le troisième alinéa du III de l’article L. 141-4 est complété par une phrase ainsi rédigée : « Par dérogation, dans un délai de six mois à compter de la publication de la loi n° du relative à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes, la programmation pluriannuelle de l’énergie fait l’objet d’une révision simplifiée destinée à la mettre en conformité avec les constructions de réacteurs électronucléaires ou leurs prolongations, poursuivies notamment par cette loi.«
A lire également :
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
Programmation pluriannuelle de l’énergie : sur proposition du Gouvernement et du Rassemblement national, les députés affaiblissent de nouveau l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre
Depuis le 16 juin 2025, les députés examinent, en séance publique, la proposition de loi, adoptée par le Sénat, portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie (n°463). Ce 19 juin 2025, sur proposition du...
Programmation pluriannuelle de l’énergie : les députés votent un moratoire sur l’éolien et le solaire photovoltaïque
Depuis le 16 juin 2025, les députés examinent, en séance publique, la proposition de loi, adoptée par le Sénat, portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie (n°463). Un texte principalement marqué par le choix,...
Programmation pluriannuelle de l’énergie : les députés confirment la priorité donnée à l’énergie nucléaire, première des « énergies décarbonées »
Depuis le 16 juin 2025, les députés examinent, en séance publique, la proposition de loi, adoptée par le Sénat, portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie (n°463). Un texte principalement marqué par le choix,...
[communiqué] Port de Brétignolles-sur-Mer : l’association Agir pour Brétignolles présidée par Nicolas Ducos et assistée par Gossement Avocats obtient l’annulation du projet devant la cour administrative d’appel de Nantes
Par arrêt rendu ce 6 juin 2025 (n°23NT00045) la cour administrative d’appel de Nantes a annulé le plan local d’urbanisme de la commune de Bretignolles-sur-Mer, jugé que l’ensemble du secteur de la Normandelière constitue un espace remarquable et que la partie...
Programmation pluriannuelle de l’énergie : sénateurs et députés veulent passer des énergies renouvelables aux énergies décarbonées
A compter du 16 juin 2025, le députés examineront la proposition de loi, adoptée par le Sénat, portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie (n°463). Les députés débattront du texte adopté en commission des...
Obligation d’achat : décret du 5 juin 2025 modifiant les seuils d’éligibilité de l’obligation d’achat et du complément de rémunération
Le 7 juin 2025, a été publié au journal officiel, le décret n° 2025-498 du 5 juin 2025 modifiant les articles D. 314-15 et D. 314-23 du code de l'énergie relatifs aux seuils applicables pour bénéficier de l'obligation d'achat ou du complément de rémunération pour la...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.