En bref
Plastique : précision sur l’éco-modulation en cas d’incorporation de matières plastiques recyclées (arrêté du 5 septembre 2025)
Déchets de textile : publication au JO de l’arrêté modifiant le cahier des charges afin d’inclure un soutien exceptionnel au tri
[communiqué] Le cabinet Gossement Avocats ne participe à aucun « classement » de cabinet d’avocats
Certificats d’économies d’énergie (CEE) : arrêté du 7 avril 2025 modifiant l’arrêté du 4 septembre 2014
Pénal : le capitaine, en tant que garant de la sécurité du navire et de la protection de l’environnement, peut voir sa responsabilité engagée (Cour de cassation)
Par arrêt du 24 novembre 2020 (n° 19-87.651), la Chambre criminelle de la Cour de cassation a jugé que le capitaine, « en tant que garant de la sécurité du navire et de son équipage, de la protection de l’environnement et de la sûreté », est tenu personnellement de connaître et de faire respecter les règles relatives à la pollution par les rejets des navires.
Dans cette affaire, à la suite d’un contrôle du combustible utilisé par un navire de croisière appartenant à une société britannique et placé sous le commandement de M. G., ce dernier a été cité devant le tribunal correctionnel pour pollution de l’air en raison de l’utilisation, par un navire en mer territoriale, de combustible dont la teneur en soufre est supérieure aux normes autorisées.
La société britannique a également été citée à comparaitre, sur le fondement de l’article L. 218-23 du code de l’environnement lequel autorise le tribunal a décidé que le paiement des amendes prononcées à l’encontre du capitaine soit, en totalité ou en partie, à la charge du propriétaire ou de l’exploitant du navire.
Le tribunal correctionnel a déclaré le capitaine du navire coupable et l’a notamment condamné à une amende de 100 000 euros mise à la charge de la société britannique propriétaire du navire à hauteur de 80 000 euros. Ces derniers ont ensuite interjeté appel de cette décision. La cour d’appel d’Aix-en-Provence a, par arrêt du 12 novembre 2019, relaxé le capitaine du navire. Le procureur général a donc formé un pourvoi en cassation contre cet arrêt.
En premier lieu, l’auteur du pourvoi en cassation reproche notamment à la juridiction d’appel de s’être contentée d’analyser l’élément intentionnel de la faute pénale reprochée au capitaine « alors qu’il lui appartenait de rechercher si les éléments constitutifs de la négligence fautive sont réunis ».
A cet égard, le pourvoi rappelle les dispositions de l’article 121-3 du code pénal, repris à l’article L. 218-19 du code de l’environnement :
« […] les personnes physiques qui n’ont pas causé directement le dommage, mais qui ont créé ou contribué à créer la situation qui a permis la réalisation du dommage ou qui n’ont pas pris les mesures permettant de l’éviter, sont responsables pénalement s’il est établi qu’elles ont, soit violé de façon manifestement délibérée une obligation particulière de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement, soit commis une faute caractérisée et qui exposait autrui à un risque d’une particulière gravité qu’elles ne pouvaient ignorer. »
Selon l’auteur du pourvoi en cassation, le capitaine doit ainsi être regardé comme auteur d’une négligence fautive.
En deuxième lieu, la Cour de cassation relève que pour relaxer le prévenu, la cour d’appel s’est fondée sur les déclarations du capitaine qui « n’a jamais admis avoir eu connaissance de l’obligation d’utiliser un combustible dont la teneur en soufre ne devait pas dépasser 1,5 % et a expliqué ne disposer d’aucune maîtrise sur l’approvisionnement en combustible qui était décidé par un service de la compagnie basé à Hambourg ».
En effet, la juridiction d’appel a notamment retenu que le capitaine n’a fait que suivre les instructions de sa compagnie et pouvait ainsi « légitimement penser qu’elles étaient conformes à la législation qu’il devait respecter ».
En dernier lieu, la Cour de cassation juge néanmoins qu’en se déterminant ainsi, la cour d’appel n’a pas justifié sa décision.
En effet, la Haute juridiction précise, d’une part, que le capitaine est « garant de la sécurité du navire et de son équipage, de la protection de l’environnement et de la sûreté » et d’autre part, qu’il est tenu personnellement à ce titre « de connaître et de faire respecter les règles relatives à la pollution par les rejets des navires ». Elle en conclut que le capitaine du navire doit ainsi s’assurer de la conformité à la législation du combustible utilisé.
Par conséquent, la Cour de cassation « casse et annule » l’arrêt de la cour d’appel d’Aix-en-Provence du 12 novembre 2019 prononçant la relaxe du capitaine du navire, et renvoie le litige devant la cour d’appel de Rennes.
Laura Picavez
Avocate – Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
Pesticides : présentation par Me Alexia Thomas du recours déposé par Pollinis pour défendre l’indépendance de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES)
Ce lundi 8 septembre 2025, l'association Pollinis, défendue par Me Alexia Thomas du cabinet Gossement Avocats, a déposé un recours en annulation devant le Conseil d'État contre le décret permettant au ministre de l'Agriculture d'imposer à l’ANSES le traitement...
Evaluation environnementale : le point sur le projet de décret portant modification du régime relatif à l’évaluation environnementale et aux critères de soumission à la Commission nationale du débat public
Le Gouvernement a ouvert une consultation du public, du 8 au 30 septembre 2025, sur le projet de décret portant modification du régime relatif à l’évaluation environnementale et aux critères de soumission à la Commission nationale du débat public. Présentation. Résumé...
PFAS : trajectoire de réduction progressive des rejets aqueux de substances PFAS (décret n° 2025-958 du 8 septembre 2025)
Le décret n° 2025-958 du 8 septembre 2025 relatif aux modalités de mise en œuvre de la trajectoire nationale de réduction progressive des rejets aqueux de substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS) des installations industrielles a été publié au JO du 9...
Solaire : publication de l’arrêté relatif à la TVA à taux réduit pour les petites installations
A été publié au journal officiel du 9 septembre 2025 l’arrêté du 8 septembre 2025 fixant les critères applicables à la livraison et à l'installation, dans les logements, des équipements de production d'électricité utilisant l'énergie radiative du soleil, d'une...
France culture : Arnaud Gossement invité de l’émission » De cause à effets » consacrée au livre « Réduire au silence » de Sophie Lemaître
Ce mardi 9 septembre 2025, Arnaud Gossement était l'un des invités, avec Inès Léraud, de l'émission "De cause à effets" présentée par Aurélie Luneau sur France culture. L'émission était consacrée au livre "Réduire au silence" publié par Sophie Lemaître aux éditions...
Adaptation au changement climatique : le Gouvernement propose de créer une trajectoire de réchauffement et de « tirer parti des éventuelles opportunités que le changement climatique crée »
Le Gouvernement organise, du 5 septembre au 1er octobre 2025, une consultation du public sur un projet de décret et d’arrêté relatifs à la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique. Un nouvel instrument sans réelle valeur...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.