En bref
[Soirée débat] 9 décembre 2025 – « Désinformation climatique : le rôle du droit face au brouillage du réel »
Un maire peut refuser le permis de construire d’un poulailler industriel en raison du manque d’eau, en tenant compte du changement climatique (jurisprudence cabinet)
[webinaire] 21 novembre 2025 : « Etat de droit et Environnement : le Conseil constitutionnel face aux reculs environnementaux » (La Fabrique écologique)
[colloque] 17 octobre 2025 : intervention d’Arnaud Gossement à la IXème édition des Journées Cambacérès sur « Justice et Environnement » organisées par la Cour d’appel et la Faculté de droit de Montpellier
Responsabilité élargie du producteur : l’urgence sanitaire a-t-elle une incidence sur le versement de l’éco-contribution ?
En application du principe de la responsabilité élargie du producteur, les producteurs sont tenus de verser une contribution financière à l’éco-organisme auquel ils adhèrent. La période d’urgence sanitaire actuelle modifie-t-elle cette obligation ?
A titre liminaire, il importe de rappeler que l’éco-contribution, soit la contribution financière versée par un producteur à un éco-organisme, n’est pas un prélèvement obligatoire de nature fiscale mais une partie du prix d’un produit.
Par arrêt n°408425 du 28 décembre 2017, le Conseil d’Etat a en effet rappelé que l’éco-contribution destinée à financer la prévention et la gestion des déchets par application du principe de la responsabilité élargie du producteur, n’est pas un prélèvement obligatoire de nature fiscale . La décision précise : « la contribution financière versée à l’organisme agréé constitue la contrepartie directe du service qui lui est rendu par celui-ci, consistant à pourvoir, pour son compte, au traitement des déchets issus des bateaux de plaisance ou de sport qu’il a mis sur le marché national, et ne saurait être regardée, contrairement à ce que soutient la requérante, comme un versement assimilable à une imposition ou à une taxe instituée par l’autorité publique
Le principe : le paiement de la contribution financière doit intervenir à l’échéance prévue au contrat d’adhésion du producteur à un éco-orrganisme
Le droit en vigueur, incluant les récentes ordonnances prises en application de la loi n°2020-290 du 23 mars 2020 d’urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19, ne prévoit pas expressément que l’échéance de paiement de la contribution financière due par un producteur à un éco-organisme, peut être prorogée ou suspendue, en conséquence de la crise sanitaire.
Sur ce dernier point, le rapport remis au président de la République sur l’ordonnance n°2020-306 du 25 mars 2020 souligne, au contraire, que « Le paiement des obligations contractuelles doit toujours avoir lieu à la date prévue par le contrat ».
Les contrats d’adhésion des producteurs aux éco-organismes précisent le plus souvent les modalités de calcul et de paiement de la contribution financière. Dans le cas où le contrat prévoit un paiement trimestriel de la contribution financière, l’échéance peut ainsi intervenir au cours de la période déclarée de l’état d’urgence sanitaire, comprise, sauf prorogation éventuelle, entre le 24 mars et le 24 mai 2020.
Pour savoir si le délai de paiement de la contribution financière figure parmi les délais susceptibles d’être prorogés ou suspendus, il est nécessaire de se reporter aux stipulations du contrat d’adhésion pour déterminer si l’échéance de paiement de la contribution financière peut, dans certaines circonstances, être reportée ou suspendue. Si tel n’est pas le cas, le paiement devrait en principe intervenir dans le délai prévu par le contrat.
Le risque d’un aménagement des délais versement de la contribution financière
Le risque pour le producteur. Sans versement, même temporaire, de la contribution financière, l’effectivité du transfert à l’éco-organisme de l’obligation du producteur de contribuer à la gestion des déchets peut être compromise, dès l’instant où il n’y aurait plus de contrepartie à l’obligation pesant sur l’éco-organisme d’assurer la gestion des déchets.
Le risque pour l’éco-organisme. En cas de report du paiement de la contribution financière, l’éco-organisme peut – notamment – être tenu, par souci de non discrimination, de le proposer à l’ensemble de ses adhérents (cf. article L. 541-10, III du code de l’environnement).
Les producteurs adhérents peuvent-ils se prévaloir d’un cas de force majeure ?
Sur ce point, nous vous invitons à lire l’analyse que nous avons consacrée à l’invocation de la force majeure en matière contractuelle. A noter que les récentes ordonnances publiées en application de la loi du 23 mars 2020 pour faire face à l’épidémie de covid-19, n’ont pas systématisé la possibilité de se prévaloir d’un cas de force majeure dans les contrats de droit privé (cf. en particulier, l’ordonnance n° 2020-315 du 25 mars 2020 qui prévoit des conditions financières de résolution de certains contrats de voyages touristiques et de séjours).
Pour retenir ou non la force majeure, il convient tout d’abord de procéder à un examen circonstancié des stipulations propres à chaque contrat. A défaut, l’invocation d’un cas de force majeure en matière de contrat de droit privé est étroitement encadrée par la loi (cf. article 1218 du code civil) ainsi que par la jurisprudence. L’examen de la jurisprudence montre que les tribunaux ne retiennent pas systématiquement les épidémies comme constituant un cas de force majeure. Le débiteur de l’obligation devra également démontrer que c’est bien l’épidémie de covid-19 qui l’a empêché d’exécuter son obligation.
Emma Babin
Avocate- Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
Charte de l’environnement : le juge judiciaire est compétent, à certaines conditions, pour statuer sur une demande de réparation du préjudice écologique causé par une activité autorisée (AMM) par l’administration (Cour de cassation, 13 novembre 2025, n°500 FS-B)
En cette année du vingtième anniversaire de la Charte de l'environnement, la Cour de cassation vient, pour la deuxième fois (cf. notre commentaire) d'en faire application. Mais d'une manière qui peut apparaître surprenante. Par un arrêt rendu ce 13 novembre 2025, la...
Dérogation espèces protégées : l’illégalité de l’autorisation d’exploiter une activité industrielle peut démontrer l’existence d’un « risque suffisamment caractérisé » imposant au préfet d’enjoindre au porteur de projet de déposer une demande de « dérogation espèces protégées » (TA Guyane, 11 décembre 2025, Association Guyane Nature Environnement, n°2201889)
Par un jugement n°2201889 rendu ce 11 decembre 2025, le tribunal administratif de la Guyane a annulé, à la demande de l'association Guyane Nature Environnement, d'une part une autorisation d'exploiter une mine d'aurifère, d'autre part le refus du préfet d'ejoindre au...
Dermatose nodulaire : Arnaud Gossement invité de l’émission « Sur le terrain » sur France info TV
Ce lundi 15 décembre 2025, Arnaud Gossement était l'un des invités de l'émission "Sur le terrain" présentée par Loïc de la Mornais sur France Info TV et consacrée à la colère des agriculteurs confrontés à l'épidémie de Dermatose nodulaire contagieuse (DNC). L'émission...
[Conférence] 10 décembre 2025 : grande conférence sur l’avenir de l’énergie solaire, au salon Energaïa, organisée par Tecsol
Arnaud Gossement est l'un des intervenants de la grande conférence sur l'énergie solaire qu'organise Tecsol au salon Energaia, ce mercredi 10 décembre, de 15h30 à 16h30. Nous remercions André Joffre (président), Alexandra Batlle (secrétaire générale de Tecsol) et...
Communication responsable : l’Agence de la transition écologique (ADEME) publie l’édition 2025 de son « Guide anti-greenwashing »
L'Agence de la transition écologique (ADEME) a publié, ce 3 décembre 2025, sa nouvelle édition du "Guide anti-greenwashing". A jour des dernières évolutions du droit de l'Union et interne sur les allégations environnementales, ce guide, très complet et utile,...
Urbanisme : le maire peut refuser un permis de construire en raison de l’insuffisance de la ressource en eau (Conseil d’Etat, 1er décembre 2025, n°493556)
Par une décision n°493556 rendue ce 1er décembre 2025, le Conseil d'État a jugé que le maire de de la commune de Fayence avait légalement pu rejeter une demande de permis de construire des logements au motif d'une insuffisance de la ressource en eau, et ce, sur le...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.




![[Conférence] 10 décembre 2025 : grande conférence sur l’avenir de l’énergie solaire, au salon Energaïa, organisée par Tecsol](https://www.gossement-avocats.com/wp-content/uploads/2024/04/solaire-adobe.jpeg)

