En bref
[Soirée débat] 9 décembre 2025 – « Désinformation climatique : le rôle du droit face au brouillage du réel »
Un maire peut refuser le permis de construire d’un poulailler industriel en raison du manque d’eau, en tenant compte du changement climatique (jurisprudence cabinet)
[webinaire] 21 novembre 2025 : « Etat de droit et Environnement : le Conseil constitutionnel face aux reculs environnementaux » (La Fabrique écologique)
[colloque] 17 octobre 2025 : intervention d’Arnaud Gossement à la IXème édition des Journées Cambacérès sur « Justice et Environnement » organisées par la Cour d’appel et la Faculté de droit de Montpellier
Pénal : le capitaine, en tant que garant de la sécurité du navire et de la protection de l’environnement, peut voir sa responsabilité engagée (Cour de cassation)
Par arrêt du 24 novembre 2020 (n° 19-87.651), la Chambre criminelle de la Cour de cassation a jugé que le capitaine, « en tant que garant de la sécurité du navire et de son équipage, de la protection de l’environnement et de la sûreté », est tenu personnellement de connaître et de faire respecter les règles relatives à la pollution par les rejets des navires.
Dans cette affaire, à la suite d’un contrôle du combustible utilisé par un navire de croisière appartenant à une société britannique et placé sous le commandement de M. G., ce dernier a été cité devant le tribunal correctionnel pour pollution de l’air en raison de l’utilisation, par un navire en mer territoriale, de combustible dont la teneur en soufre est supérieure aux normes autorisées.
La société britannique a également été citée à comparaitre, sur le fondement de l’article L. 218-23 du code de l’environnement lequel autorise le tribunal a décidé que le paiement des amendes prononcées à l’encontre du capitaine soit, en totalité ou en partie, à la charge du propriétaire ou de l’exploitant du navire.
Le tribunal correctionnel a déclaré le capitaine du navire coupable et l’a notamment condamné à une amende de 100 000 euros mise à la charge de la société britannique propriétaire du navire à hauteur de 80 000 euros. Ces derniers ont ensuite interjeté appel de cette décision. La cour d’appel d’Aix-en-Provence a, par arrêt du 12 novembre 2019, relaxé le capitaine du navire. Le procureur général a donc formé un pourvoi en cassation contre cet arrêt.
En premier lieu, l’auteur du pourvoi en cassation reproche notamment à la juridiction d’appel de s’être contentée d’analyser l’élément intentionnel de la faute pénale reprochée au capitaine « alors qu’il lui appartenait de rechercher si les éléments constitutifs de la négligence fautive sont réunis ».
A cet égard, le pourvoi rappelle les dispositions de l’article 121-3 du code pénal, repris à l’article L. 218-19 du code de l’environnement :
« […] les personnes physiques qui n’ont pas causé directement le dommage, mais qui ont créé ou contribué à créer la situation qui a permis la réalisation du dommage ou qui n’ont pas pris les mesures permettant de l’éviter, sont responsables pénalement s’il est établi qu’elles ont, soit violé de façon manifestement délibérée une obligation particulière de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement, soit commis une faute caractérisée et qui exposait autrui à un risque d’une particulière gravité qu’elles ne pouvaient ignorer. »
Selon l’auteur du pourvoi en cassation, le capitaine doit ainsi être regardé comme auteur d’une négligence fautive.
En deuxième lieu, la Cour de cassation relève que pour relaxer le prévenu, la cour d’appel s’est fondée sur les déclarations du capitaine qui « n’a jamais admis avoir eu connaissance de l’obligation d’utiliser un combustible dont la teneur en soufre ne devait pas dépasser 1,5 % et a expliqué ne disposer d’aucune maîtrise sur l’approvisionnement en combustible qui était décidé par un service de la compagnie basé à Hambourg ».
En effet, la juridiction d’appel a notamment retenu que le capitaine n’a fait que suivre les instructions de sa compagnie et pouvait ainsi « légitimement penser qu’elles étaient conformes à la législation qu’il devait respecter ».
En dernier lieu, la Cour de cassation juge néanmoins qu’en se déterminant ainsi, la cour d’appel n’a pas justifié sa décision.
En effet, la Haute juridiction précise, d’une part, que le capitaine est « garant de la sécurité du navire et de son équipage, de la protection de l’environnement et de la sûreté » et d’autre part, qu’il est tenu personnellement à ce titre « de connaître et de faire respecter les règles relatives à la pollution par les rejets des navires ». Elle en conclut que le capitaine du navire doit ainsi s’assurer de la conformité à la législation du combustible utilisé.
Par conséquent, la Cour de cassation « casse et annule » l’arrêt de la cour d’appel d’Aix-en-Provence du 12 novembre 2019 prononçant la relaxe du capitaine du navire, et renvoie le litige devant la cour d’appel de Rennes.
Laura Picavez
Avocate – Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
Dermatose nodulaire : Arnaud Gossement invité de l’émission « Sur le terrain » sur France info TV
Ce lundi 15 décembre 2025, Arnaud Gossement était l'un des invités de l'émission "Sur le terrain" présentée par Loïc de la Mornais sur France Info TV et consacrée à la colère des agriculteurs confrontés à l'épidémie de Dermatose nodulaire contagieuse (DNC). L'émission...
[Conférence] 10 décembre 2025 : grande conférence sur l’avenir de l’énergie solaire, au salon Energaïa, organisée par Tecsol
Arnaud Gossement est l'un des intervenants de la grande conférence sur l'énergie solaire qu'organise Tecsol au salon Energaia, ce mercredi 10 décembre, de 15h30 à 16h30. Nous remercions André Joffre (président), Alexandra Batlle (secrétaire générale de Tecsol) et...
Communication responsable : l’Agence de la transition écologique (ADEME) publie l’édition 2025 de son « Guide anti-greenwashing »
L'Agence de la transition écologique (ADEME) a publié, ce 3 décembre 2025, sa nouvelle édition du "Guide anti-greenwashing". A jour des dernières évolutions du droit de l'Union et interne sur les allégations environnementales, ce guide, très complet et utile,...
Urbanisme : le maire peut refuser un permis de construire en raison de l’insuffisance de la ressource en eau (Conseil d’Etat, 1er décembre 2025, n°493556)
Par une décision n°493556 rendue ce 1er décembre 2025, le Conseil d'État a jugé que le maire de de la commune de Fayence avait légalement pu rejeter une demande de permis de construire des logements au motif d'une insuffisance de la ressource en eau, et ce, sur le...
Dérogation espèces protégées : qu’est ce qu’une « solution alternative satisfaisante » ? (Conseil d’Etat, 21 novembre 2025, Association Bien vivre à Replonges, n°495622)
Par une décision n°495622 rendue ce 21 novembre 2025, le Conseil d'Etat a apporté de substantielles précisions quant au contenu de l'une des conditions de délivrance de la "dérogation espèces protégées" : l'absence de solution alternative satisfaisante. Cette...
[Soirée débat] 9 décembre 2025 – « Désinformation climatique : le rôle du droit face au brouillage du réel »
Les Surligneurs et QuotaClimat vous donnent rendez-vous mardi 9 décembre à 19h pour un débat essentiel autour de la désinformation climatique 🌍 À l’été 2025, les cas de mésinformation sur le climat dans les médias audiovisuels ont explosé. On y dénombre, déjà 529 cas...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.


![[Conférence] 10 décembre 2025 : grande conférence sur l’avenir de l’énergie solaire, au salon Energaïa, organisée par Tecsol](https://www.gossement-avocats.com/wp-content/uploads/2024/04/solaire-adobe.jpeg)



![[Soirée débat] 9 décembre 2025 – « Désinformation climatique : le rôle du droit face au brouillage du réel »](https://www.gossement-avocats.com/wp-content/uploads/2025/11/1764000405758-400x250.jpg)