En bref
Certificats d’économies d’énergie (CEE) : arrêté du 7 avril 2025 modifiant l’arrêté du 4 septembre 2014
Modification de l’arrêté tarifaire S21 : refonte majeure actée et à venir des conditions d’achat pour les installations sur toiture et ombrière inférieure ou égale à 500 kWc
Code minier : publication de l’arrêté du 3 avril 2025 soumettant les décisions d’octroi, d’extension ou de prolongation des concessions et permis exclusifs de recherches (PER) à évaluation environnementale
Déforestation importée : consultation publique sur un projet de règlement modifiant le règlement 2023/1115 (RDUE)
Marchés publics : la performance en matière de responsabilité sociale – RSE – n’est pas un critère en lien suffisant avec l’objet du marché (Conseil d’Etat)
Par arrêt du 25 mai 2018 (n° 417580), le Conseil d’Etat a précisé que des critères relatifs à la politique générale de l’entreprise ne peuvent pas être mis en œuvre pour le choix de l’attributaire du marché, faute de lien avec l’objet du marché ou ses conditions d’exécution.
Dans cette affaire, une métropole a engagé un appel d’offres en vue de la passation d’un accord-cadre multi-attributaires pour la réalisation de travaux d’impression. Par courrier du 7 décembre 2017, une société s’est vu notifier le rejet de son offre. Cette dernière a alors demandé au juge des référés du Tribunal administratif de Nantes d’annuler l’appel d’offres engagé par la métropole.
Par ordonnance du 9 janvier 2018, le juge des référés a fait droit à cette demande et a annulé l’appel d’offres. La métropole a donc formé un pourvoi en cassation à l’encontre de cette ordonnance.
D’une part, le Conseil d’Etat rappelle les dispositions de l’article 52 de l’ordonnance du 23 juillet 2015 relative aux marchés publics relatif aux critères d’attribution :
« I. – Le marché public est attribué au soumissionnaire ou, le cas échéant, aux soumissionnaires qui ont présenté l’offre économiquement la plus avantageuse sur la base d’un ou plusieurs critères objectifs, précis et liés à l’objet du marché public ou à ses conditions d’exécution.
Le lien avec l’objet du marché public ou ses conditions d’exécution s’apprécie conformément à l’article 38. […] »
Pour rappel, le marché public est attribué aux soumissionnaires ayant présenté l’offre économiquement la plus avantageuse sur la base de critères en lien avec l’objet du marché public ou avec ses conditions d’exécution.
Conformément à l’article 38 de l’ordonnance du 23 juillet 2015, « les conditions d’exécution d’un marché public peuvent prendre en compte des considérations relatives à l’économie, à l’innovation, à l’environnement, au domaine social ou à l’emploi, à condition qu’elles soient liées à l’objet du marché public ».
Ainsi, le Conseil d’Etat précise qu’au regard des articles 52 et 38 de l’ordonnance du 23 juillet 2015 et de l’article 62 du décret du 25 mars 2016 relatif aux marchés publics, les considérations environnementales ou sociales peuvent être prises en compte dans l’attribution d’un marché public, à la condition que celles-ci soient liées à l’objet du marché ou à ses conditions d’exécution.
D’autre part, le Conseil d’Etat en déduit que si l’acheteur peut, pour sélectionner l’offre économiquement la plus avantageuse, mettre en œuvre des critères comprenant des aspects sociaux, c’est à la condition, notamment, qu’ils soient liés à l’objet du marché ou à ses conditions d’exécution.
Dès lors, les critères à caractère social peuvent concerner toutes les activités des entreprises soumissionnaires dans la mesure où elles concourent à la réalisation des prestations prévues par le marché.
En l’espèce, la métropole avait prévu un critère de sélection relatif à la « performance en matière de responsabilité sociale ». Ce critère était décomposé en cinq sous-critères : la protection de l’environnement ; la performance économique durable ; les aspects sociaux, sociétaux et gouvernance des entreprises candidates.
Il était précisé que l’utilisation de ce critère s’inscrit dans le cadre d’une politique dite « achats durables » de l’acheteur, selon laquelle l’entreprise doit assumer ses responsabilités au regard des objectifs du développement durable.
Or, comme l’a relevé le juge des référés, le critère de « performance en matière de responsabilité sociale » ne concerne pas seulement les conditions dans lesquelles les entreprises candidates exécuteraient l’accord-cadre mais porte également sur l’ensemble de leur activité et a pour objet d’évaluer leur politique générale en matière sociale.
Par conséquent, selon le Conseil d’Etat, le juge des référés n’a pas commis d’erreur de droit en jugeant que ce critère n’a pas un lien suffisant avec l’objet du marché ou ses conditions d’exécution.
Laura Picavez
Juriste – Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
2 mai 2025 : conférence d’Arnaud Gossement à l’université de Lille sur « L’effet non-suspensif des recours en contentieux administratif, à l’aune de l’affaire de l’autoroute A69 »
Le vendredi 2 mai 2025 à 14h, Me Arnaud Gossement donnera, à l'université de Lille, une conférence intitulée : "Retour sur l'affaire de l'autoroute A69, l'effet non-suspensif de recours en contentieux administratif". Cette conférence sera animée par M. Pierre-Yves...
« Ne boudons pas les bonnes nouvelles » : nouvelle chronique d’Arnaud Gossement pour le journal La Croix
Arnaud Gossement est l’un des quatre experts membres du comité écologie du journal La Croix. Un comité mis en place pour accompagner la rédaction dans sa volonté de mieux traiter l’actualité des enjeux environnementaux. Dans ce cadre, Arnaud Gossement a publié ici une...
Transition énergétique : le Premier ministre confirme un changement de forme et de fond pour la prochaine feuille de route énergétique, qui sera adoptée par une loi
Ce lundi 28 avril 2025, à l'Assemblée nationale, le Premier ministre a procédé à une "déclaration sur la souveraineté énergétique de la France" qui a été suivie d'un débat sans vote, comme le prévoit l'article 50-1 de la Constitution. Un débat du même type sera...
Déchets – économie circulaire : une proposition de loi pour rendre visible l’éco-contribution sur les produits relevant du principe de la responsabilité élargie du producteur (REP)
Voici une mesure qui peut sembler technique mais qui est en réalité essentielle pour la protection de l'environnement et, plus précisément, pour la prévention et la gestion des déchets. Ce 17 avril 2025, M. Stéphane Delautrette et plusieurs autres députés du groupe...
Pollution de l’eau potable par les nitrates : la Commission européenne saisit la Cour de justice de l’Union européenne d’un recours contre la France (Affaire C-154/25)
Par un recours daté du 21 février 2025 et rendu public ce 22 avril 2025 (affaire C-154/25), la Commission européenne a demandé à la Cour de justice de l'Union européenne de constater que la France ne respecte toujours pas la directive (UE) 2020/2184 du Parlement...
Loup : article de Me Florian Ferjoux dans le « Journal du droit européen » sur la jurisprudence récente de la Cour de justice de l’Union européenne
Me Florian Ferjoux a procédé à une analyse des enjeux juridiques liés à la préservation du loup au regard de la directive Habitats dans son nouvel article intitulé : « Le loup : la protection des espèces dans la directive Habitats », publié au sein du Journal du droit...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.