En bref
[colloque] 17 octobre 2025 : intervention d’Arnaud Gossement à la IXème édition des Journées Cambacérès sur « Justice et Environnement » organisées par la Cour d’appel et la Faculté de droit de Montpellier
[webinaire] 23 octobre 2025 – Procédure et contentieux de l’autorisation environnementale : ce qu’il faut savoir
Me Florian Ferjoux, élu au conseil d’administration d’Enerplan, le syndicat des professionnels du solaire
[jurisprudence cabinet] Biogaz : une unité de stockage de digestat issu d’une unité de méthanisation permet de limiter l’usage d’engrais chimiques et est nécessaire à l’activité agricole (tribunal administratif de Nantes)
Huile de palme : rejet du référé-suspension pour défaut d’urgence (Conseil d’Etat)
Par une ordonnance n° 437276 du 24 janvier 2020, le juge des référés du Conseil d’Etat a examiné le recours de deux associations demandant la suspension de l’exécution d’une note d’information datée du du 19 décembre 2019 de la direction générale des douanes et droits indirects du ministère de l’action et des comptes publics. Selon l’interprétation des requérants cette note prévoirait le maintien des biocarburants produits à partir de distillats d’acides gras de palme dans la liste des biocarburants bénéficiant d’un avantage fiscal.
I- Contexte
Afin de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre et de favoriser l’utilisation des biocarburants, la France a créé en 2005 la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) sur les carburants, devenue, à la suite de la loi de finance de 2019, la taxe incitative relative à l’incorporation de biocarburants (TIRIB).
Cette taxe prévue au nouvel article 266 quindecies du code des douanes vise, d’une part, à inciter les entreprises produisant ou important des carburants à y incorporer une quantité minimale de biocarburants, par le bénéfice d’un avantage fiscal, et d’autre part, à exclure progressivement à compter de 2020, tous les produits à base d’huile de palme du droit à minoration de la taxe.
En effet, le dernier alinéa du 2 du B de son paragraphe V prévoit que « ne sont pas considérés comme des biocarburants les produits à base d’huile de palme ».
Pour rappel, par une décision n°2019-808 QPC du 11 octobre 2019, le Conseil Constitutionnel a jugé cette disposition conforme à la Constitution et notamment au principe d’égalité dès lors que « le législateur a, en l’état des connaissances et des conditions mondiales d’exploitation de l’huile de palme, retenu des critères objectifs et rationnels en fonction du but poursuivi ».
Dans une lettre d’information en date du 19 décembre 2019, la direction générale des douanes et droits indirects du ministère de l’action et des comptes publics a prévu que les biocarburants produits à partir de distillats d’acides gras de palme ne seraient pas exclus du mécanisme de la TIRIB à compter du 1er janvier 2020, leur permettant de continuer de bénéficier de l’avantage fiscal.
C’est dans ce contexte que deux associations de protection de l’environnement ont, d’une part, déposé un recours en annulation contre cette lettre d’information et, d’autre part, ont demandé la suspension de son exécution, conformément à l’article L. 521-1 du code de justice administrative.
II- Ordonnance
Dans son ordonnance du 24 janvier 2020, le juge des référés du Conseil d’Etat rejette le recours sur l’urgence, sans se prononcer sur le fond.
Pour justifier le défaut d’urgence, le juge retient
– d’une part, que les associations requérantes n’apportent aucun élément sur les mécanismes par lesquels la note des douanes contribuerait directement et immédiatement au développement de phénomènes dégradant l’environnement. Il en déduit ainsi qu’il n’est pas manifeste que l’intervention du juge des référés soit justifiée pour en prévenir les conséquences sur l’environnement.
– d’autre part, que cette affaire sera jugée au fond, en tout état de cause avant l’été 2020, de manière à ce que, en cas d’annulation, les effets allégués sur l’environnement seront effectivement paralysés en temps utile.
Partant, le juge des référés a estimé qu’il n’y avait pas urgence à suspendre l’exécution de la décision litigieuse, et a donc rejeté la requête des associations.
Cette ordonnance est intéressante en ce qu’elle démontre que le juge des référés réalise une balance de l’urgence (article L. 521-1 du code de justice administrative) d’une part, en examinant le calendrier d’examen de la requête au fond, d’autre part en étudiant les conséquences éventuelles de l’acte litigieux. Ici, le juge des référés a souhaité vérifier si les effets de la note des douanes seraient paralysés en temps utile, le cas échéant, par une annulation au fond.
Le juge des référés du Conseil d’Etat a déjà justifié le défaut d’urgence, dans le cadre d’un référé-suspension, par la circonstance d’un examen proche de la question en chambre. A titre d’exemple, par une ordonnance n° 289814 du 24 février 2006, le juge des référés du Conseil d’Etat a justifié le défaut d’urgence à suspendre l’exécution d’un arrêté ministériel portant dérogation à l’obligation d’enfouissement d’une ligne électrique en site classé en retenant, d’une part, que les travaux de la ligne électrique ne sont pas imminents car soumis à plusieurs autorisations administratives obligatoires, et, d’autre part que, la requête en annulation est susceptible d’être examinée par une formation de jugement collégiale dans un délai de cinq mois.
Marie David-Bellouard
Juriste-Cabinet Gossement Avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
[médias] « Normes environnementales : peut-on espérer un choc de simplification ? » Arnaud Gossement invité de l’émission « Smart impact » sur Bsmart
Me Arnaud Gossement était l'invité de l'émission "Smart impact" présentée par Thomas Hugues sur la chaîne Bsmart. Une émission consacrée à certaines actualités du droit de l'environnement comme le greenwashing - à la suite du jugement rendu ce 23 octobre 2025 par le...
Chasse : l’association One Voice, défendue par Gossement Avocats, obtient la suspension en référé des décisions autorisant la chasse du Tétras-lyre et de la Perdrix bartavelle au sein des Hautes-Alpes et des Alpes de Haute-Provence
Par ordonnances du 17 et du 23 octobre 2025, sur demandes de l’association One Voice et d’autres associations, le juge des référés du Tribunal administratif de Marseille a suspendu l’exécution des décisions autorisant la chasse du Tétras-lyre et de la Perdrix...
[médias] « Tornades : faut-il apprendre à vivre avec ? » Arnaud Gossement invité de France info TV, le 21 octobre 2025
Arnaud Gossement était l'un des invités de l'émission "Sur le terrain" présentée par Alban Mikoczy sur France Info TV. L'émission du 21 octobre 2025 était consacrée au phénomène des tornades, après que la ville d’Ermont dans le Val-d’Oise ait été balayée par l’une...
[Webinaire] 4 décembre 2025 – Certificats d’économies d’énergie (CEE) : le point sur le projet de décret relatif à la sixième période
Le cabinet organise, ce jeudi 4 décembre 2025 à 9h30, un webinaire (gratuit) consacré à l’actualité juridique des certificats d’économies d’énergie, en particulier du projet de décret relatif à la sixième période du dispositif des certificats d’économies d’énergie,...
Solaire : une nouvelle modification de l’obligation de solarisation ou de végétalisation des parcs de stationnement (loi de simplification du droit de l’urbanisme et du logement)
L'obligation d'installer des procédés de production d'énergie renouvelable ou des dispositifs végétalisés sur les toitures de certains bâtiments ou sur des parcs de stationnement n'en finit pas d'être revue et corrigée par le législateur. Ce 15 octobre 2025,...
[colloque] 17 octobre 2025 : intervention d’Arnaud Gossement à la IXème édition des Journées Cambacérès sur « Justice et Environnement » organisées par la Cour d’appel et la Faculté de droit de Montpellier
Ce 17 octobre 2025, Me Arnaud Gossement, avocat associé du cabinet Gossement Avocats, interviendra lors de la IXème édition des Journées Cambacérès organisées par la Cour d'appel et la Faculté de droit de Montpellier. Cette édition est consacrée cette année au thème...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.

![[médias] « Normes environnementales : peut-on espérer un choc de simplification ? » Arnaud Gossement invité de l’émission « Smart impact » sur Bsmart](https://www.gossement-avocats.com/wp-content/uploads/2025/10/bsmart-400x250.png)

![[médias] « Tornades : faut-il apprendre à vivre avec ? » Arnaud Gossement invité de France info TV, le 21 octobre 2025](https://www.gossement-avocats.com/wp-content/uploads/2025/10/france-info-400x250.png)
![[Webinaire] 4 décembre 2025 – Certificats d’économies d’énergie (CEE) : le point sur le projet de décret relatif à la sixième période](https://www.gossement-avocats.com/wp-content/uploads/2024/05/webina_20240531-084935_1.jpeg)

![[colloque] 17 octobre 2025 : intervention d’Arnaud Gossement à la IXème édition des Journées Cambacérès sur « Justice et Environnement » organisées par la Cour d’appel et la Faculté de droit de Montpellier](https://www.gossement-avocats.com/wp-content/uploads/2025/10/cour-dappel-montpellier-400x250.jpg)