En bref
Certificats d’économie d’énergie : Publication au JO de ce jour de l’arrêté du 18 novembre 2024 modifiant plusieurs textes règlementaires relatifs aux opérations standardisées d’économie d’énergie
[webinaire] 21 novembre 2024 – Autorisation environnementale
Produits chimiques : agrément d’un nouvel éco-organisme
Solarisation des parkings : publication du décret d’application de l’article 40 de la loi APER
Urbanisme : le contrôle d’une autorisation au regard de l’article R. 111-26 limité à l’erreur manifeste d’appréciation (Conseil d’Etat)
Par une décision n° 416055 du 13 février 2019, le Conseil d’Etat fait une nouvelle application de sa décision Ocréal, s’agissant de l’avifaune ; et confirme que le contrôle par le juge de l’excès de pouvoir de l’application de l’ancien article R. 111-15 du code de l’urbanisme (actuel article R. 111-26) doit se limiter à l’erreur manifeste d’appréciation en matière de décision d’autorisation.
Une société porteuse d’un projet éolien avait obtenu de la part du préfet de département un permis de construire pour l’implantation de six aérogénérateurs.
A la demande de plusieurs associations, le tribunal administratif a annulé cet arrêté ; et les appels du pétitionnaire et du ministre du logement ont été rejetés par la cour administrative d’appel.
La société a alors introduit un pourvoi devant le Conseil d’Etat.
En premier lieu, aux termes de cette décision, la haute juridiction rappelle une jurisprudence désormais bien établie, initiée par sa décision Société Ocréal et étendue par celle Danthony, selon laquelle « les inexactitudes, omissions ou insuffisances d’une étude d’impact ne sont susceptibles de vicier la procédure et donc d’entraîner l’illégalité de la décision prise au vu de cette étude que si elles ont pu avoir pour effet de nuire à l’information complète de la population ou si elles ont été de nature à exercer une influence sur la décision de l’autorité administrative ».
En l’espèce, le pétitionnaire n’avait pas fait mention de certaines espèces d’oiseaux, dont l’aigle royal, s’agissant des enjeux du projet au sein de son étude d’impact.
Toutefois, le Conseil d’Etat souligne que l’autorité environnementale (la DREAL) a estimé qu’il s’agissait d’une omission mineure ; que l’étude d’impact comportait des développements particulièrement détaillés sur les intérêts faunistiques dont l’avifaune et notamment les rapaces ; et que, enfin, l’avis de l’autorité environnementale, porté à la connaissance du public au cours de l’enquête publique, a qualifié l’analyse de l’aire d’étude et les mesures proposées pour la sauvegarde des oiseaux de globalement satisfaisantes et a relevé à titre d’observation, « sans remettre en question la qualité de l’étude d’impact », que d’autres espèces non mentionnées par l’étude sont régulièrement observées, dont deux couples d’aigles royaux.
Au terme de ce raisonnement, le Conseil d’Etat censure donc le raisonnement de la cour, en estimant que l’insuffisance de l’étude d’impact, et notamment l’omission de la mention de présence des aigles royaux, n’avait pas nui à l’information complète de la population.
En deuxième lieu, la haute juridiction vise l’ancien article R. 111-15 (aujourd’hui R. 111-26) du code de l’urbanisme, selon lesquels un permis de construire doit respecter les préoccupations environnementales visées par les articles L. 110-1 et L. 110-2 du code de l’environnement. Il en conclut que la marge d’appréciation laissé à l’autorité administrative par les termes de cet article est telle que le contrôle du juge de l’excès de pouvoir doit se limiter à l’erreur manifeste d’appréciation, lorsque la construction projetée est autorisée.
Cette décision n’est pas sans rappeler la décision Société du lotissement de la plage de Pampelonne (CE Ass, 29 mars 1968, n° 59004), sur l’office du juge de l’excès de pouvoir lors de son contrôle de l’application de l’ancêtre du règlement national d’urbanisme à une décision d’autorisation.
Or en l’espèce, la cour, en relevant que la prescription d’un suivi avifaunistique tous les trois ans n’était pas de nature à prévenir le risque créé pour la vie et la reproduction des aigles royaux, majoré du fait de l’autorisation par décision du même jour de deux autres parcs éoliens situés dans les environs, alors que ni l’aire ni les itinéraires de chasse n’avaient été repérés, a exercé un entier contrôle sur la décision litigieuse.
Par conséquent, l’arrêt de la cour administrative d’appel est annulé avec un renvoi de l’affaire devant celle-ci.
Camille Pifteau
Avocate – cabinet Gossement avocats
Vous avez apprécié cet article ? Partagez le sur les réseaux sociaux :
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d’excellence :
droit de l’environnement, droit de l’énergie, droit de l’urbanisme, tant en droit public qu’en droit privé.
À lire également
Autorisation environnementale : les exigences du site internet dédié à la consultation publique sont précisées par arrêté
La ministre de la transition écologique a publié, au journal officiel du 27 novembre 2024, l'arrêté du 18 novembre 2024 relatif aux caractéristiques techniques du site internet prévu à l'article R. 181-36 du code de l'environnement. Cet arrêté très important définit...
Dérogation espèces protégées : nouvelle possibilité de refus de régularisation de l’autorisation environnementale par le juge administratif (Conseil d’Etat, 6 novembre 2024, n°477317)
Par une décision n°477317 du 6 novembre 2024, le Conseil d’Etat a précisé que le juge administratif peut refuser d’engager une procédure de régularisation d’une autorisation environnementale - délivrée pour l’exploitation d’une installation classée pour la protection...
Autorisation environnementale : précisions sur la régularisation de l’autorisation dans le cadre d’un sursis à statuer (CE, 18 novembre 2024, n°474372 mentionnée aux Tables)
Par un récent arrêt du 18 novembre 2024, n°474372, le Conseil d’Etat a apporté plusieurs précisions importantes en ce qui concerne la régularisation du ou des vices entachant d’illégalité une autorisation environnementale, à la suite d’un sursis à statuer prononcé par...
Agrivoltaïsme : dépôt d’une proposition de loi tendant à créer un bail rural à clauses agrivoltaïques
Une proposition de loi tendant à créer un bail rural à clauses agrivoltaïques vient d'être déposée au Sénat. L'objectif des parlementaires qui en sont les auteurs est d'accompagner et favoriser le développement de l'agrivoltaïsme. Présentation. La loi du 10 mars 2024...
[Communiqué] Energie renouvelable : le cabinet obtient le rejet du recours contre un permis de construire d’une unité de production de biogaz par méthanisation (Tribunal administratif de Caen, 9 octobre 2024, n°2200096)
Par un jugement n°2200096 du 9 octobre 2024, le tribunal administratif de Caen a rejeté le recours formé à l'encontre du permis de construire, obtenu par la société La Goyère, cliente du cabinet, pour la réalisation d'une unité production de biogaz par méthanisation....
[Communiqué] Biodiversité : l’association One Voice, défendue par Gossement Avocats, obtient en justice l’annulation et la suspension de plusieurs autorisations de chasse d’oiseaux dans les Alpes de Haute-Provence, les Hautes-Alpes et en Isère
Le tribunal administratif de Marseille a, par deux jugements du 19 septembre 2024, annulé les arrêtés préfectoraux de chasse du Tétras-lyre et de la Perdrix bartavelle dans les Alpes de Haute-Provence et les Hautes-Alpes. La juge des référés du tribunal administratif...
Découvrez le cabinet Gossement Avocats
Notre Cabinet
Notre valeur ajoutée :
outre une parfaite connaissance du droit, nous contribuons à son élaboration et anticipons en permanence ses évolutions.
Nos Compétences
Gossement Avocats est une référence dans ses domaines d'excellence :
droit de l'environnement, droit de l'énergie, droit de l'urbanisme, tant en droit public qu'en droit privé.
Contact
Le cabinet dispose de bureaux à Paris, Rennes et intervient partout en France.